Envoyés très spéciaux

Affiche Envoyés très spéciaux
Réalisé par Frédéric Auburtin
Pays de production France
Année 2008
Durée
Musique Jean-Yves d'Angelo
Genre Comédie, Aventure
Distributeur EuropaCorp Distribution
Acteurs Omar Sy, Gérard Jugnot, Gérard Lanvin, Valérie Kaprisky, Anne Marivin
Age légal 7 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 583
Bande annonce (Allociné)

Critique

R2I, une célèbre radio française, décide d’envoyer en Irak son journaliste vedette, Frank Bonneville (Gérard Lanvin), accompagné d’un ingénieur du son, Albert Poussin (Gérard Jugnot). A la suite d’un «couac» dont ils sont seuls responsables, les deux compères restent bloqués à Paris: pour remplir leur mandat, ils vont «faire comme s’ils y étaient» (Réd.: à l’instar d’un grand reporter de la Radio romande, voilà quelques décennies..) Des millions d’auditeurs vont suivre leur (faux) reportage qui parle des combats et de la difficile survie des habitants de Bagdad. Le tandem étant victime d’une prise d’otages - c’est du bidon, bien sûr! -, un immense mouvement de solidarité nationale s’organise en France. Le problème devient alors pour eux de savoir comment mettre un terme à ce faux reportage sans perdre la face!

Sur cette histoire de supercherie radiophonique (puis télévisuelle) se greffent tant bien que mal quelques aventures sentimentales impliquant les deux héros. Des épisodes sans intérêt, si ce n’est de permettre de quitter le faux reportage pour jouer sur le quiproquo. Le cinéaste procède ainsi par ruptures, passant de la satire à la comédie de mœurs, du réalisme au vaudeville, mais la mayonnaise a bien de la peine à prendre. Et la question se pose très vite aussi de savoir si l’on peut rire de tout, des images de guerre comme du sort d’otages emprisonnés. Tout le film baigne finalement dans une atmosphère assez ambiguë, chacun, sans exception, pratiquant la cachotterie, le mensonge et l’hypocrisie.

ENVOYES TRES SPECIAUX se veut et reste une comédie, mais le résultat est mitigé. La critique des médias est parfois bien ciblée, le cinéaste pointant un doigt amusé sur l’authenticité douteuse de certains documents, sur la manipulation des sources d’information, sur l’exploitation émotionnelle de l’auditeur, sur l’orchestration des mouvements de solidarité destinés à sauver les otages, etc. Ces quelques coups de pattes bien administrés sont des moments à sauver, la satire se faisant tout à coup grinçante, le ton plus grave et le rire jaune. Mais ce n’est qu’un feu de paille, et la réalisation a vite fait de retomber au niveau d’une comédie assez banale, les ficelles du scénario apparaissant grosses comme le bras.

«On a fait notre métier», ose conclure Frank, le journaliste. Qui a dit que l’ironie est la politesse du désespoir?

Antoine Rochat