Critique
Histoire d’êtres humains perdus dans leurs doutes existentiels, ou description du travail de fourmi réalisé par les services secrets? Le nouveau film de Philippe Haim offre un peu des deux, les premiers se retrouvant pris dans les filets des seconds et manipulés jusqu’à plus soif. Il y a d’abord Diane (Vahina Giocante) qui n’a pas hésité à se prostituer pour payer ses études. Et il y a Pierre (Nicolas Duvauchelle), paumé de banlieue qui cherche une reconnaissance. En face, un chef de l’espionnage (Gérard Lanvin) ne perd pas de vue l’homme à abattre (Simon Abkarian), son alter ego du côté du terrorisme musulman.
Philippe Haim mène son récit à un train d’enfer. La guerre déclenchée ne laisse aucun répit et les nombreuses ellipses font parfois perdre le fil. Du côté des agents secrets, les acteurs portent le masque d’une farouche détermination; un jeu moins souligné donnerait plus de crédit à l’histoire. Le film évoque l’un des sujets les plus brûlants de ce début de siècle, mais il reste en retrait de la réalité politique, niveau trop ambitieux pour lui, on en sort frustré. Pour y voir une réussite, le propos ne doit pas être sorti de la fiction d’espionnage. Dès lors, partant du faible niveau actuel du cinéma français, on ne peut que se réjouir de voir un bon divertissement qui tient en haleine en évoluant de surprise en surprise.
Geneviève Praplan
