Stella

Que penser de ce film, le troisième long métrage de Sylvie Verheyde, jusqu’ici remarquée pour ses courts? C’est une question que l’on se pose au sortir de la projection d’une œuvre qui semble aller dans tous les sens. Toutefois, avec un peu de recul, on découvre la richesse de ce portrait de notre société autant que celui d’une fillette de 11 ans.

Stella vit avec ses parents dans un café ouvrier de la région parisienne. Elle passe ses vacances à la campagne chez sa grand-mère dans le nord de la France et vient d’entrer en sixième dans un grand lycée de la capitale. A cet âge où se forme la personnalité, elle se cherche, confrontée à des mondes différents qui s’opposent. Celui de la France profonde, celui d’une école de qualité et celui du café qui constitue sa famille entre ses parents souvent en conflit. Et là encore, elle est partagée entre le juke-box du bistro et la bibliothèque qu’elle découvre chez son amie Gladys. Nulle part, semble-t-il, elle ne trouve sa place.

Tous ces contrastes sont accentués par la manière de filmer. Sorte d’improvisation un peu brouillonne, caméra sur l’épaule avec des séquences parfois trop longues, pour nous permettre de plonger dans l’atmosphère enfumée et bruyante du café. Tournage plus élaboré et plus fin à l’école.

La réalisatrice songeait depuis longtemps à mettre en scène ses propres souvenirs d’enfance et sa vision de l’école. «Comme Stella, j’ai grandi dans un café ouvrier, un monde dur, violent, loin de l’enfance…» Elle sait donc de quoi elle parle. Elle fut aidée par Léora Barbara qui incarne avec justesse ce personnage de préadolescente qui cherche les repères qui lui aideront à se construire.