Agathe Cléry

Le film démarre bon train, en fanfare. Comédie musicale? Tableau satirique d’un certain monde des affaires? Evocation piquante du racisme ordinaire? Un peu de tout, dans le désordre…

Par un curieux dysfonctionnement des glandes surrénales qui lui fonce petit à petit la peau, Agathe Cléry (Valérie Lemercier), directrice volontiers raciste du marketing d’une grande maison de cosmétiques - et responsable d’un produit spécial «Scandinav peaux claires»! - se réveillera un jour totalement noire. Virée par son patron et plaquée par son fiancé, elle sera refoulée lors de tous les entretiens d’embauche auxquels elle se présentera par la suite à cause de la couleur de sa peau. Après un bon coup de déprime, elle finira par trouver du travail dans une boîte d’informatique… qui n’engage aucun «Blanc». La comédie connaîtra encore des rebondissements, qu’on ne dévoilera pas.

Le comble pour un(e) raciste, c’est de devenir noir(e), aussi noir(e) que ceux qu’il (elle) déteste... Sur ce thème, Etienne Chatiliez construit une histoire de gènes mutants tirée par les cheveux (lisses ou crépus), qui connaît quelques bons moments mais aussi de fichus quarts d’heure. Agathe Clery est construit autour de la comédienne Valérie Lemercier qui tire bien son épingle du jeu: bonne présence, dynamisme incontestable, qualités de danseuse à mettre en exergue, elle tient sur ses épaules une comédie faite d’un patchwork de situations qui cèdent plus souvent le pas à la gaudriole (plus ou moins fine) qu’à la satire ou à l’observation d’une société française (plus ou moins raciste). Le cinéaste ménage quelques temps forts (la mise à l’écart, pleine d’hypocrisie, d’Agathe), d’autres plus consensuels (les visites d’Agathe à ses parents à la campagne), tout en pratiquant le mélange des genres: comédie musicale (en recourant à la transposition de chansons à succès), séquences chorégraphiques, comédie dramatique aussi, on trouve un peu de tout dans Agathe Clery, œuvre faite de pièces et de morceaux qui laisse finalement une impression mitigée.