Critique
Georgiana Spencer (Keira Knightley), née en 1757, épouse à 17 ans - mariage arrangé par sa mère (Charlotte Rampling) - le cinquième duc de Devonshire (Ralph Fiennes), de neuf ans son aîné, alors qu’elle avait le béguin pour un brillant jeune homme, Charles Grey (Dominic Cooper). L’union est malheureuse: Georgiana ne met au monde «que» des filles, son mari engrosse des servantes et lui préfère sa meilleure amie, Lady Elizabeth Foster (Hayley Atwell). Il en résultera un ménage à trois, surprenant pour l’époque, et la duchesse devra accoucher en France de l’enfant de son amant Charles Grey, futur premier ministre.
Près de deux siècles avant sa descendante Diana, princesse de Galles, Georgiana, malheureuse et insatisfaite, défraie la chronique. Alliée du politicien Charles James Fox (Simon McBurney), elle devient l’égérie des whigs et le porte-drapeau du libéralisme, prenant fait et cause pour les droits du peuple et des femmes - ce qui ne l’empêche pas de participer à des fêtes flamboyantes. Il ne manque qu’un accident de carrosse au bord de la Seine...
Servi par une distribution haut de gamme (Keira Knightley est d’une beauté confondante et Ralph Fiennes excelle dans un personnage complexe), le deuxième long métrage de Saul Dibb (jusqu’ici documentariste et réalisateur d’une série télévisée) se laisse voir et entendre (pour ce qui est de la langue tout au moins, car les choix musicaux sont balourds). Le film a été tourné dans des décors naturels chargés d’histoire: magnifique livre d’images, mais on est loin de la photographie d’un Kubrick ou même d’un Ivory au meilleur de sa forme...
Daniel Grivel
