Critique
Touchant, sympathique, le film d’Antoine de Caunes rappelle, outre la campagne électorale qui a conduit François Mitterrand au pouvoir, ce personnage complexe, ambigu, culotté qu’a été Michel Colucci, dit Coluche. Le scénario ne s’attache pas à la vie de l’humoriste. Il le prend au moment où, sortant d’un de ses spectacles, entouré de ses amis, il accepte de relever le défi qu’on lui propose: se présenter comme candidat aux élections présidentielles françaises. Ce seront cinq mois de la vie de Coluche, pendant lesquels il s’engage à fond dans ce que son entourage veut voir comme une farce, mais qu’il prend rapidement au sérieux: les pauvres, les chômeurs, les marginaux n’ont que lui sur qui compter.
La réussite de ce genre de film repose en grande partie sur le comédien choisi. Le pari est gagné pour COLUCHE, grâce à François-Xavier Demaison qui se fait très vite oublier derrière son personnage. Il a grossi, s’est inventé la bonne voix, les bonnes attitudes, au point qu’il «devient Coluche dans l’œil du spectateur», comme le souhaitait Antoine de Caunes. Celui-ci ajoute au plaisir une jolie mise en scène, une bonne reproduction de l’époque. Coluche a donné le pire et le meilleur, le film le montre. Mais le souvenir qui reste de cet humoriste sans complexe est celui d’une grande générosité, celle qui a peut-être commencé à le perdre pendant ces mois de course à la présidence.
Geneviève Praplan