Critique
Abel et Gordon sont des artistes de scène qui, après L’ICEBERG, recourent à nouveau au cinéma, avec bonheur. Ils incarnent un couple d’enseignants passionnés par les danses latines, écumant les concours et remplissant leur petite maison de trophées. Au retour d’une compétition, ils préfèrent lancer leur voiture contre un mur plutôt que d’écraser un candidat au suicide. Suite à l’accident, Fiona est unijambiste et Dominique amnésique; ils cherchent tant bien que mal à reconstruire leur couple chamboulé.
Le film est du vrai cinéma: presque muet, c’est l’image qui y parle. Couleurs pétantes, décors bien visibles, plans-séquences, gags répétitifs, trouvailles poétiques, effets téléphonés: on respire Keaton, Chaplin, Tati, la saveur belge en plus - on a parfois l’impression d’être dans du Magritte animé. Abel et Gordon savent admirablement bouger, suggérant une réalité évanescente par des gestes délicats. Ils nous offrent un instant précieux, fragile comme une bulle de savon.
Daniel Grivel