Inju, la bête dans l'ombre

Barbet Schroeder dit avoir tourné INJU, LA BÊTE DANS L’OMBRE sans coproduction japonaise pour garder son indépendance. Dommage. Un regard autochtone sur l’adaptation de ce roman de Edogawa Ranpo aurait pu donner de la force à son récit. Le réalisateur plonge dans la tradition nipponne qui le fascine, mais n’en tire qu’une pédagogie esthétisante, une couverture de charme pour un cinéroman dont on finit par perdre le fil.

Alex Fayard (Benoît Magimel), auteur de romans policiers reconnu sur le plan international, se passionne pour son alter ego japonais, Shundei Oe, fameux lui aussi, mais dont nul n’a jamais vu le visage. De passage à Kyoto pour la promotion de son nouveau livre, Fayard rencontre Tamao (Lika Minamoto), une geisha qui lui raconte qu’elle est menacée par un ancien ami.

Après L’AVOCAT DE LA TERREUR, captivant documentaire sur Me Vergès, Schroeder semble perdre pied dans un scénario maladroit, plus tordu que complexe. Son film est bien construit, de belle facture, mais son sens de la dramaturgie ne débouche sur rien de consistant. Il faut dire que si Benoît Magimel convient au Français candide qui se croit plus fort que la police japonaise, il ne parvient pas à camper l’écrivain de renom qu’il est censé être aussi. Voilà peut-être la faille de ce film, il y a un hiatus gênant dans le personnage de Fayard. Dès lors, comment croire en Inju?