Critique
En rentrant de la plage où il vient de porter secours à une femme qui se noyait, Pietro (Nanni Moretti) a le choc de sa vie, sa femme vient de mourir subitement et sa fille est en pleurs. Un coup du destin qui le plonge dans la prostration. Plus rien ne compte. Son comportement va changer. Il s’éloigne de son travail et se consacre/s’accroche à sa fille. Il la conduit chaque matin à l’école, va s’asseoir sur un banc dans le petit parc en face de la salle de classe et attend. Les jours passent. Les aspects uniformes du quartier, les allées et venues des gens, les amis qui viennent s’enquérir de son état semblent être ses seules distractions. Son calme extérieur cache un chaos intérieur. Que faire? Un état de deuil qu’il ne sait comment gérer. Le temps qui passe guérira-t-il sa blessure?
CAOS CALMO est tiré du roman éponyme de Sandro Vernesi, primé en Italie. Pietro incarne de façon retenue l’accablement et la solitude de l’homme devant le deuil. Il attend, dans un état d’esprit un peu cotonneux, que douleur et sentiment de perte se manifestent, car il est comme anesthésié. La mort de sa femme fut un séisme. Les petits riens de la vie vont par petites touches le réveiller, rétablir les circuits des sensations, des émotions, lui permettre d’accéder aux larmes libératrices. Le réalisateur illustre le long processus de l’attente en confinant son personnage presque tout le temps au même endroit le parc des rencontres autant surprenantes qu’improbables. Rencontres, cocasses parfois, qui rythment le film et allègent le propos. Rien de morbide dans cette décantation, bien au contraire, légèreté, étonnement... A l’opposé de cette autre fiction sur le deuil, profonde et émouvante, LA CHAMBRE DU FILS de et avec Nanni Moretti déjà. Malgré quelques longueurs, quelques passages à vide, ou même une incongruité hard, cette fable zen accroche grâce à la prestation convaincante et rassurante de Moretti.
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