Pure Coolness

Affiche Pure Coolness
Réalisé par Ernest Abdyjaparov
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 573

Critique

Le Kirghizistan, ancienne et lointaine province d’URSS, est aujourd’hui un Etat indépendant, rattaché cependant à la Communauté des Etats indépendants (CEI). Mais après la chute du communisme et la fin du système centralisé autoritaire, il s’est retrouvé perdu, livré à lui-même, entre des traditions qui n’avaient pas bougé et les appels du pied de la consommation occidentale. Le deuxième film de fiction d’Ernest Abdyjaparov est symbolique de cette situation. Son personnage principal, dit-il, est le petit village où va se vivre une étrange tragi-comédie.

Asama vit en ville avec ses parents. Sans crier gare, elle leur amène Mourat, un jeune homme de la campagne qu’elle a décidé d’épouser. Foin de leurs protestations, elle part aussitôt avec lui pour être présentée à ses futurs beaux-parents. Mais Mourat est volage et après quelques péripéties dont l’humour n’est jamais absent, un malentendu de taille fait d’Asama l’épouse du berger Sagyn. Et si le destin avait raison?

Ernest Abdyjaparov connaît bien la société kirghize, il y est né en 1961, a vécu l’effondrement de 1989 et observe ce qu’elle devient avec autant de tendresse que de réalisme. La voilà déstabilisée, avec le seul remède de s’accrocher à ses traditions, si effarantes soient-elles. Le réalisateur en donne une scène suffocante.

Mais la population entretient aussi un relatif bon sens et surtout, un goût de la vie présente, des relations et des plaisirs quotidiens. La fuite vers la ville, où chantent les sirènes, est un schéma classique que contredit le réalisateur. C’est la splendide surprise du film. En une longue fresque poétique, il retourne le cliché et fait découvrir à Asama que le bonheur n’est pas toujours là où l’on croit.

Geneviève Praplan