Critique
Dans une petite ville polonaise, Léon Okrasa est employé dans un hôpital. Il a, dans le passé, été témoin d’un viol brutal. La victime, Anna, est une jeune infirmière qui travaille dans le même hôpital. Léon passe son temps libre à espionner Anna, à la guetter de jour comme de nuit. Cela devient une véritable obsession. Un soir, il réussit à s’introduire dans son appartement par la fenêtre qu’elle a laissée entrouverte. Alors Léon s’installe près de son lit, il observe Anna dans son sommeil, il s’imprègne de son univers. Où s’arrêtera-t-il?
Skolimowski n’a plus tourné depuis près de vingt ans et l’on garde surtout en mémoire son chef-d’œuvre DEEP END, film d’atmosphère réalisé en 1970. Il nous revient aujourd’hui avec une œuvre à nouveau sombre et oppressante, foncièrement polonaise, dans le mélange du tragique et du comique. On est en plein surréalisme. «Lorsque Léon va à la pêche, il y a cette image de la vache qui flotte sur l’eau. Je voulais que dans cette situation normale de sa vie il y ait un signal qu’il allait se passer des choses bizarres.» Ainsi se justifie le réalisateur. Cette bizarrerie va peu à peu laisser place à une histoire d’amour dans laquelle Léon, qui n’apparaît jamais sous les traits d’un héros sympathique, devient à nos yeux un personnage attachant. De cet individu à la limite de l’autisme, l’acteur choisi pour ce rôle - un homme paraît-il lui-même quelque part brisé par la vie - offre une image tellement réaliste qu’elle demeure gravée dans notre esprit et donne toute sa force à ce film.
Georges Blanc