Moscow, Belgium

Affiche Moscow, Belgium
Réalisé par Christophe Van Rompaey
Pays de production Belgique
Année 2008
Durée
Musique Tuur Florizoone
Genre Comédie dramatique, Romance
Distributeur Bac Films
Acteurs Barbara Sarafian, Jurgen Delnaet, Johan Heldenbergh, Anemone Valcke, Sofia Ferri
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 570
Bande annonce (Allociné)

Critique

Quittant le parking d’une grande surface, Matty, 43 ans, mère de trois enfants, emboutit un camion. Le chauffeur du poids lourd, Johnny, 29 ans, l’injurie, la discussion s’envenime et la police doit intervenir. De retour chez elle, Matty reçoit un coup de fil du camionneur qui cherche à s’excuser. Elle lui intime l’ordre de la laisser tranquille, mais il insiste. De fil en aiguille, nous voilà sur le chemin d’une comédie en forme de romance douce-amère, dans laquelle interviendront aussi le mari et les enfants de Matty: «Mon mari est en pleine crise de milieu de vie, dit Matty, ma fille aînée fait sa crise d’adolescence, ma fille cadette pense qu’elle la fait et mon fils cadet n’arrive pas à commencer la sienne. Ma vie est faite de bleus et de bosses.»

Ce qui aurait pu devenir la description d’un banal conflit conjugal se développe au contraire comme une comédie originale, qui sonne juste, côtoyant parfois le tragique. On parle flamand - on est à «Moscou», quartier ouvrier des faubourgs de Gand -, on se retrouvera à la table familiale pour essayer de résoudre les problèmes. Considérant le chaos sentimental qui règne autour d’elle, Matty s’efforcera, avec beaucoup de sincérité, douloureusement aussi, de ressaisir le fil de sa vie. Y parviendra-t-elle? Le cinéaste ne nous en donne pas la certitude, mais un bon bout de chemin a sans doute été fait.

Tout cela est bien dit, les dialogues évitent toute complaisance, l’humour est présent. L’émotion aussi, portée par d’excellents comédiens - inconnus pour nous, le cinéma belge nous donnant là une excellente preuve de sa vitalité.



Antoine Rochat





Cela fait cinq mois, deux semaines et trois jours que Matty (Barbara Sarafian) a été abandonnée par son mari (Johan Heldenbergh) qui lui a préféré une jeunesse. Elle broie du noir en perpétuant les gestes quotidiens avec ses trois enfants, à Moscow, un quartier populaire de Gand. Et voilà qu’en sortant du parking d’un supermarché, elle emboutit un camion. En sort un routier rouquin (Jurgen Delnaet) qui, après quelques échanges verbaux très agités, va bouleverser la vie de la famille.

Pour son premier film, le réalisateur belge prend le risque de tourner avec des comédiens peu connus et ne leur rend pas la partie facile, résolu à plancher entièrement sur ses personnages en les serrant de près. Avec raison car ils sont formidables, ces comédiens qui jouent leur rôle comme s’il s’agissait de leur vie. Formidable aussi ce réalisateur qui, l’air de rien, réussit à filmer, à travers ses personnages, les doutes, les hésitations, les faux départs qui agitent si douloureusement l’âme humaine quand il s’agit de choisir le chemin du bonheur.

Intéressant encore de voir Matty hésiter entre deux caractères aux antipodes, entre l’artiste professeurs aux beaux-arts et le camionneur guéri de son alcoolisme. Comme si le désarroi pouvait permettre d’ouvrir la porte de la routine et des préjugés: il y a du bon et du mauvais chez tous. Face à Matty, il faut remarquer la présence de sa fille Vera (Anemone Valcke) qui, à 17 ans, a déjà précisé sa philosophie et parle à sa mère avec un bon sens tout neuf.

Une tendresse, de l’humour, beaucoup de distance habitent cette charmante comédie. Quant à Moscow, il n’a pas grand-chose à voir avec un quartier hollywoodien. Et c’est un autre choix louable du réalisateur que de le mettre en lumière avec des plans réalistes mais joliment mélancoliques. Comme ses personnages.



Geneviève Praplan

Ancien membre