Critique
Saint-Paul du Brésil, une mégalopole de 20 millions d’habitants et 200 km d’embouteillages. Au milieu de ce fourmillement humain, les réalisateurs ont choisi une famille comme tant d’autres: Cleuza (Sandra Corveloni, qui a largement mérité son Prix d’interprétation féminine), mère seule et encore enceinte qui fait des ménages et essaie d’élever quatre fils nés de pères différents. L’aîné a déjà un enfant et subsiste tant bien que mal comme coursier; le deuxième œuvre au sein d’une assemblée évangélique, le troisième - comme tant de jeunes Brésiliens - rêve d’une carrière dans le football mais, tout doué qu’il est, est trop vieux (18 ans!), et le petit dernier passe son temps à essayer de retrouver son père.
Comme le relèvent les réalisateurs, «dans un pays où des millions de jeunes sont sans emploi, le foot, la religion ou la marginalité sont quelques-unes des issues possibles». Tous ne tombent pas dans la violence et, de ce fait, n’intéressent pas les médias.
On a déjà apprécié TERRE LOINTAINE et CENTRAL DO BRASIL. Avec sa coréalisatrice Daniela Thomas, Walter Salles reste fidèle à son approche pleine de délicatesse de ses frères humains. Profondément préoccupé par l’absence du père dans de nombreuses familles, il place beaucoup d’espoirs dans les potentialités de la fratrie, qui peut permettre d’aller «en avant», comme le dit l’un de ses personnages d’un film âpre et prenant.
Daniel Grivel