Critique
Irlande du Nord, 1981, prison de Maze: Raymond Lohan est chargé de la surveillance générale du Quartier H où sont incarcérés les prisonniers politiques de l’IRA. Ceux-ci ont entamé le «Blanket and No-Wash Protest» pour témoigner de leur colère: la vie qu’ils mènent en prison est un véritable enfer.
Gillen, nouveau détenu, refuse catégoriquement de porter l’uniforme réglementaire, parce qu’il ne se considère pas comme un criminel de droit commun. Il croisera Bobby Sands lors de la messe dominicale, peu avant qu’une émeute n’éclate. Une rébellion qui sera écrasée dans le sang. Dès ce jour-là, aucun gardien ne pourra plus se sentir en sécurité, où qu’il soit. Une quinzaine de surveillants seront, par la suite, abattus par l’IRA.
Le réalisateur noir d’origine anglaise Steve McQueen a souhaité montrer à quoi pouvait ressembler, en 1981, le quotidien d’un détenu «politique» dans une prison du Royaume-Uni. Le film évoque par ailleurs l’engagement général de tous ceux qui ont risqué leur vie - ou décidé de mourir - pour servir leur cause.
A travers la figure - de fiction - de Gillen et celle - historique - de Bobby Sands, le cinéaste délivre un message direct, dans un langage clair. Certaines longueurs pourtant - en particulier le très intéressant mais trop long tête-à-tête entre Sands et le Père Dominic Moran - nuisent à l’efficacité du récit.
Bobby Sands, on se le rappelle, entreprendra une grève de la faim. Il en mourra, tout comme neuf autres détenus avec lui. Steve McQueen questionne: faut-il considérer Sands et ses compagnons comme des terroristes? Comme des martyrs? Le cinéaste ne tranche pas et laisse aussi le spectateur libre de découvrir, entre les images, toutes les résonances actuelles de son film.
Antoine Rochat