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Réalisé par Ursula Meier
Pays de production France, Belgique, Suisse
Année 2008
Durée
Genre Drame
Distributeur Diaphana Films
Acteurs Isabelle Huppert, Olivier Gourmet, Adélaïde Leroux, Madeleine Budd, Kacey Mottet Klein
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 570
Bande annonce (Allociné)

Critique

Circulant sur les autoroutes, l’ancienne assistante d’Alain Tanner a su observer les maisons jouxtant les voies et leurs habitants cultivant leur jardin plombé par les gaz d’échappement. Il en est résulté un scénario original et surprenant: une famille vit dans une bicoque en rase campagne, au bord d’un tronçon d’autoroute abandonné depuis sa construction. Père et enfants doivent traverser - sans risques - les quatre voies pour se rendre qui au travail qui à l’école, la fille aînée s’adonnant à la bronzette en musique et la mère vaquant dans un isolement choisi. La routine et le bonheur familiaux se perpétuent tranquillement jusqu’au jour où l’autoroute est mise en service, ce qui bouleverse tout.

Isabelle Huppert et Olivier Gourmet (excusez du peu) ainsi que trois jeunes acteurs pleins de naturel illustrent une fable douce-amère et insolite où belgitude, burlesque et violence larvée donnent un cocktail détonant: le vase clos va-t-il se briser?

Même si le dernier tiers part un peu en s’effilochant, HOME, loin des facilités de productions plus «bling bling», vaut le voyage, même si celui-ci est immobile, et se laisse voir sans ennui. Réflexion faite, on comprend pourquoi, voilà huit ans, Ursula Meier a consacré un documentaire à Robert Pinget: la parenté d’esprit entre les deux auteurs suisses est évidente.

Daniel Grivel


Histoire d’une folie ou histoire d’une résistance? Ursula Meier laisse le spectateur choisir.

Le premier film de fiction de la réalisatrice suisse marque d’emblée par sa singularité. C’est une histoire totalement neuve, l’image inversée, négative du «road movie», comme le dit Ursula Meier. «On bouge beaucoup dans HOME, mais on ne voyage guère. C’est une sorte d’expédition sans déplacement, un voyage intérieur.»

Un couple (Isabelle Huppert et Olivier Gourmet) et ses enfants, Judith (Adélaïde Leroux) Marion (Madeleine Budd) et Julien (Kacey Mottet Klein), vivent en pleine campagne, il n’y a pas âme qui vive autour d’eux. Une autoroute abandonnée depuis sa construction passe devant leur porte. La famille a pris l’habitude de la considérer comme son jardin privé. Mais un jour, les travaux reprennent, bientôt l’autoroute est ouverte, les premières voitures y passent, de plus en plus nombreuses… On décide de rester, envers et contre tout.

Une première explication possible de ce film serait d’en faire la métaphore du bonheur de l’être humain. Le monde contemporain est bourré de nuisances; l’individu ne peut vivre heureux que s’il s’en tient totalement à l’écart. On y peut lire aussi, côté autoroute, le drame d’une société qui ne réussit pas à s’extirper de sa dépendance à la consommation, le symbole d’un monde noyé dans le bruit et la vacuité. Et côté famille? Faut-il la prendre comme le modèle de la résistance? Ou considérer sa marginalité, son jusqu’au-boutisme suicidaire comme exemplaire de l’être humain condamné par son incapacité à s’adapter? C’est plutôt ce dernier thème qui semble intéresser la réalisatrice, sans que l’on comprenne bien où elle veut en venir. Car HOME porte visiblement au-delà du trouble psychiatrique.

Ce qui est certain, c’est le malaise provoqué par cette histoire qui ne ressemble à rien d’autre et se déroule dans une belle lumière dorée. Le film d’Ursula Meier est bien construit, soigné et, surtout, incarné par d’excellents acteurs. Le scénario convient à merveille à Isabelle Huppert. Et Kacey Mottet Klein est parfait dans le rôle du jeune garçon. La tension est forte, jusqu’au moment où la folie prend le dessus; l’isolement suicidaire de la famille devient étouffant. Pourtant, l’aboutissement du film gêne cette évolution et laisse croire que la réalisatrice n’était pas sûre de sa fin.

Geneviève Praplan

Ancien membre