Critique
Le jour de son mariage, Anne, une jeune paysanne, s'enfuit de chez elle et, déguisée en garçon, s'engage sur un navire de commerce, La Mélusine. Yann, son fiancé, désespéré et un peu simple, se lance sur sa trace.
Ce scénario correct conduit à un happy-end bien mérité pour Yann en tout cas, non sans nous faire traverser des lieux insolites et rencontrer des personnages pour le moins étranges et inquiétants. On croise ainsi la vie des marins à bord, un armateur nain et écrivain, les lieux de passes de Marseille. Placé à une époque que l'on situera au XVIIIe siècle, le film de Colla se nourrit de deux thèmes voisins, complémentaires, qui sans cesse s'entrecroisent; d'une part, la situation de la femme en un siècle rempli d'interdits et de superstitions religieuses, et, d'autre part, le désir de l'héroïne, désir qu'elle doit cacher tant que son déguisement de garçon lui est nécessaire.
La mise en scène n'échappe pas à certaines ficelles un peu grosses, telles que le grondement du vent et les couleurs tristes pour suggérer les menaces qui pèsent sur Anne, femme émancipée avant l'heure et qui risque à tout instant de payer cela de sa vie. Si elle passe aux yeux de certains pour une fille à l'esprit dérangé, il s'agit plutôt d'une indépendance d'esprit.
Plus originales sont les séquences mi-photos mi-dessins, comme si la pellicule avait été peinte à la gouache. Ces séquences font entrer le spectateur dans l'âme tourmentée de la jeune femme et expriment les peurs et le désir de liberté d'un être encore jeune à la recherche de sa vraie identité, de l'amour, côtoyant souvent l'abîme au bord duquel son déguisement la conduit.
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