C'est dur d'être aimé par des cons

Affiche C'est dur d'être aimé par des cons
Réalisé par Daniel Leconte
Pays de production France
Année 2008
Durée
Musique Cyril de Turkeim
Genre Documentaire
Distributeur Pyramide Distribution
Acteurs Philippe Val, Elisabeth Badinter, François Bayrou, Oncle Bernard, Gérard Biard
N° cinéfeuilles 570
Bande annonce (Allociné)

Critique

Pour avoir reproduit les douze caricatures danoises qui ont déclenché la colère des mouvements islamistes à travers le monde, Philippe Val, le patron de Charlie Hebdo, est assigné en justice par plusieurs organisations musulmanes. Un procès hors normes que Daniel Leconte suit en temps réel afin d’en décrypter, avec les «acteurs clés», les enjeux médiatiques, idéologiques et politiques. Ne pouvant bien évidemment pas tourner dans la salle d’audience du Palais de justice de Paris, le cinéaste a ajouté aux images prises en direct (dans la salle des pas perdus de la XVIIe chambre correctionnelle, lors des conférences de rédaction ou des manifestations de soutien, etc.) des séquences d’entretiens réalisés postérieurement avec les avocats et les témoins, en s’appuyant sur la transcription écrite des débats. On retrouvera là les effets de manches et les échanges verbaux musclés. Sont ainsi mises en images les prises de position d’intellectuels et d’hommes politiques - en février 2007, on était en pleine campagne présidentielle! -, ainsi que les réactions des avocats de l’accusation et des pays musulmans.

Au-delà du défilé de plusieurs grosses pointures de la politique française, le film se présente comme une réflexion sur la liberté de la presse, sur l’islam, sur l’état de la société, sur les défis lancés par l’intégrisme à toute forme de régime démocratique. Mais ce document ne se veut pas argument ou démonstration, pas plus que prise de position de neutralité qui pèserait le pour et le contre pour chacune des parties: C’EST DUR D’ÊTRE… reste un reportage partial (et partiel), subjectif, qui s’affiche résolument du côté de Charlie Hebdo, qui privilégie donc l’humour, le rire, et parfois même la franche rigolade. Voilà pour les limites d’un projet qui n’était pas d’ouvrir un nouveau débat, mais de réaffirmer une position de principe claire (l’intervention de François Bayrou sur ce point est excellente). Un film à la fois intéressant et délassant, sur une matière explosive.

Antoine Rochat