Critique
Le réalisateur brésilien (LA CITE DE DIEU, LA CONSTANCE DU JARDINIER) s’est inspiré d’un roman, L’aveuglement du Prix Nobel de littérature José Saramago. Après l’épidémie de SRAS qui avait touché Toronto, le tsunami de 2004 et l’ouragan Katrina, ce qui aurait pu passer pour de la science-fiction s’est rapproché de la réalité: un pays est frappé par une épidémie de cécité qui se propage à une vitesse fulgurante.
Le film commence par un ballet de sémaphores routiers et de voitures défilant en colonnes serrées, jusqu’à ce que le mécanisme se grippe, un conducteur perdant subitement la vue et ne pouvant plus poursuivre sa route. La caméra subjective nous fait partager l’impression de nager dans du lait. La cécité touche de plus en plus de personnes, et les autorités les mettent en quarantaine dans un sinistre hôpital désaffecté.
S’ensuit un huis clos oppressant où les «détenus» des divers dortoirs rivalisent pour leur survie, au prix des pires bassesses. Parmi eux, une femme (Julianne Moore), qui a échappé à l’épidémie, essaie de ramener ses compagnons à l’espoir.
Les situations téléphonées s’enchaînent, l’atmosphère déjà pesante est alourdie par un commentaire en voix off grandiloquent et sentencieux du style «Nous avons toujours été aveugles bien que voyants». Malgré un travail intéressant sur l’image, le film d’ouverture du festival, assez prétentieux et maniéré, a eu de la peine à passer.
Daniel Grivel