Shake the Devil off

Affiche Shake the Devil off
Réalisé par Peter Entell
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 568

Critique

Peter Entell est né à New York en 1952, mais vit en Suisse depuis 1975. Il a réalisé de nombreux documentaires, dont LES ARBRES DE JOSH (CF n. 518). Le dernier est une manière de réponse à un appel au secours d’une amie revenue à La Nouvelle-Orléans après le passage de l’ouragan Katrina et atterrée par ce qui arrivait à sa paroisse.

La paroisse Saint-Augustin est groupée autour d’une église construite en 1841, premier sanctuaire où esclaves, esclaves affranchis et Blancs ont prié côte à côte; un monument à un esclave inconnu se dresse dans le cimetière. En outre, l’édifice est pour beaucoup le berceau du jazz et du gospel.

Les effets dévastateurs de Katrina avaient fait fuir la moitié de la population; la même proportion d’habitants afro-américains est restée dispersée et végète, privée de droits civiques. La paroisse Saint-Augustin, sise à un endroit relativement protégé des débordements du Mississippi, est restée vivace, d’autant qu’elle était conduite par l’abbé Jérôme LeDoux, homme de 76 ans au dynamisme et à la foi inoxydables, et Sandra Gordon, présidente irréductible. A cause des événements et de l’exode, les contributions paroissiales ont diminué, ce qui décide l’archevêché à entreprendre la fusion de deux paroisses - mais les fidèles ne l’entendent pas de cette oreille.

Au-delà d’un certain manichéisme (les «vilains» apparatchiks du diocèse et les «gentils» résistants à l’autorité) et du show liturgique bien réglé (des «touristes» viennent de loin pour assister aux offices animés par un prédicateur percutant et de l’excellente musique), le documentaire traduit bien la solidarité d’une communauté bariolée et la froideur rationnelle d’une hiérarchie accusée par ailleurs d’étouffer les affaires de pédophilie évoquées récemment devant le pape. Le récit commence avec Mardi gras, devient plus grave avec le mercredi des Cendres, et la paroisse vit sa passion jusqu’au matin de Pâques où l’abbé LeDoux, malgré le délai de fusion échu, peut encore célébrer la Résurrection dans son église. Mais ce n’est qu’un sursis: un mois plus tard, il sera déplacé au Texas.

Le film est habilement monté; les vitraux saint-sulpiciens alternent avec des représentations plus multiethniques; des personnages pittoresques se succèdent; même le révérend Jesse Jackson, émule de Martin Luther King, prend partie avec éloquence; l’incurie gouvernementale est montrée du doigt.

De nombreux festivals ont accueilli cette œuvre militante centrée sur un homme de Dieu charismatique.

Daniel Grivel