Critique
"Pour Catherine Breillat, cinéaste de la sexualité féminine, le champ amoureux est un champ de bataille. ROMANCE X en fait le constat amère en transgressant les règles de bonne conduite du cinéma d'auteur.
Breillat filme crûment la déchéance de Marie, une jolie jeune femme qui aime Paul, lequel préfère lire Bukowski plutôt que lui faire l'amour. Désespérée de son déshonneur, Marie cherche sa voie tour à tour dans les assauts mécaniques de Rocco Siffredi, les fantasmes sadomaso de son proviseur et le rut bestial d'un voyou de passage, avant de connaître la rédemption de la maternité. Ce road movie de la libido inassouvie, émaillé de bons mots et de piques contre le sexe fort, fait main basse sans vergogne sur l'imagerie pornographique tout en la transcendant par un discours frisant le surréalisme.
Il faut passer à travers l'abjection pour connaître l'illumination argumente Breillat. Et de débiter sa rhétorique compulsive alors que claquent les images hard et que se délite une histoire tirée par les cheveux. ROMANCE X est un film scabreux et intransigeant qui n'épargne ni le spectateur, ni son actrice. A tel point que les sévices que doit supporter Caroline Ducey (Marie) nous mettent très mal à l'aise.
Pourtant, malgré cette intention de choquer, le galimatias qui aligne les généralités à l'emporte-pièce et la réduction de la sexualité au masochisme, quelque chose de fort passe comme à travers le feu. ""A chaque moment on peut filmer une chose et son inverse absolu."" Peut-être est-ce dû à l'impression d'innocence émanant de Marie qui traverse ces épreuves sans s'avilir. Breillat a le courage de rappeler que nos intimités sont ""pornographiques"", mais qu'elles sont condamnées au vide si elles s'y figent. Au-delà de sa provocation détestable, ROMANCE X serait-il un film en négatif?"
Ancien membre
