Critique
Une jeune femme, Eloïse (excellente Elsa Zylberstein), 36 ans, clerc de notaire à Paris, professionnelle, belle, se morfond dans la solitude. Elle décide d’en sortir en s’inscrivant à un «speed dating»: il s’agit d’une rencontre, dans un club privé, durant laquelle sept hommes et sept femmes disposent chacun de sept minutes pour tenter de séduire son partenaire d’un instant.
«Je suis parti d’un personnage d’aujourd’hui: une fille indépendante, intelligente, éduquée, mais seule. A partir d’elle, je pouvais questionner notre époque. On est dépendant de notre société, celle-ci nous fabrique en quelque sorte. C’est ainsi que la solitude contemporaine devient le contrecoup de la liberté, de l’individualité.» Ces propos du réalisateur explique une démarche à laquelle on aurait aimé pleinement souscrire. Le titre du film est déjà explicite: les sentiments peuvent-ils être fabriqués comme de vulgaires objets? On est intéressé à regarder Eloïse se débattre dans l’aridité de la vie. Mais une fois le personnage posé et la situation exposée dans toute sa modernité, le film a tout livré. Comme son personnage, il manque d’inventivité et finit par déraper. Le message tombe même dans le didactisme: la solitude devient la contrepartie et le prix à payer pour la liberté et sa maladie infantile, l’individualisme. Demeurent cependant d’excellents moments, comme lors des scènes de «speed dating», fines et truculentes, qui sont autant de morceaux de notre vaste comédie humaine.
Georges Blanc