Thèbes à l'ombre de la tombe

Affiche Thèbes à l'ombre de la tombe
Réalisé par Jacques Siron
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 566

Critique

Depuis des millénaires, le fellah égyptien accomplit le même geste sur les rives du Nil: semer, récolter, nourrir sa famille. A l’aube du XXIe siècle, quelque chose a-t-il changé au couchant de l’ancienne capitale, Thèbes (Louxor)? Pas vraiment dans le quotidien intime. Mais l’avenir est menaçant, prévient le réalisateur au début de son film. Les hameaux de Gourna vont être remplacés par un complexe touristique.

Gourna se situe sur la rive gauche du fleuve, au pied des tombes de la Vallée des Reines et de celle des Rois, près du temple de Deir El-Bahari où plusieurs dizaines de visiteurs, dont une trentaine de Suisses ont été tués dans un attentat, en 1997. Gourna est une merveille d’authenticité que le documentaire détaille en une série de plans fixes, images prises jour après jour, selon les thèmes de la vie locale.

Le film ne comporte aucun dialogue; la partie se joue entre la photo et la musique, étroitement couplées au point d’en devenir, parfois, un exercice de style aux dépens de la compréhension. On devine à quel point les hordes de touristes nuisent à l’équilibre fragile de la petite communauté, on perçoit la dépendance qui lie la seconde aux premières. Mais au fil de ces images, presque rien n’est dit sur la menace annoncée dans le générique. Gourna est-elle entièrement promise à la destruction? Y a-t-il une résistance parmi les habitants? Tout entier pris par sa recherche esthétique, Jacques Siron oublie de répondre.

Geneviève Praplan