Critique
1993, en Uruguay. Un homme demande de l’aide dans un commissariat. Il dit être chilien et avoir été séquestré. Puis il disparaît. Julia, la juge chargée de débrouiller cette affaire, s’aperçoit vite que la police de son pays essaie d’effacer les traces de l’individu en question. On apprend qu’il est un ancien membre de la police secrète de Pinochet. Au cours de son enquête, Julia devra affronter ses propres père et frère, tous deux impliqués dans les régimes militaires au pouvoir quelques années auparavant, et bien décidés à lui cacher la vérité.
Esteban Schroeder, réalisateur et producteur chilien, est l’auteur de ce film coproduit par l’Argentine, le Chili et l’Uruguay. Une œuvre forte, un thriller politique qui s’inspire de faits réels et dans lequel le cinéaste a glissé quelques éléments fictionnels. Le film relate l’enlèvement, puis l’assassinat d’Eugenio Berrios, ancien chimiste et agent de la DINA, la police secrète de Pinochet. Les faits se déroulent dans le contexte politique qui a suivi l’«Opération Condor» (des escadrons de la mort ont été chargés d’éliminer suspects et témoins gênants pour les anciennes dictatures). Dans ce récit bien maîtrisé, au scénario complexe - on pense parfois aux (bons) films de Costa-Gavras -, Esteban Schroeder interroge l’histoire récente de plusieurs pays du continent sud-américain, au risque de rouvrir quelques blessures.
Antoine Rochat
