Soyez sympas, rembobinez

Affiche Soyez sympas, rembobinez
Réalisé par Michel Gondry
Pays de production U.S.A., Grande-Bretagne
Année 2008
Durée
Musique Jean-Michel Bernard
Genre Comédie
Distributeur EuropaCorp Distribution
Acteurs Danny Glover, Jack Black, Melonie Diaz, Yasiin Bey, Mia Farrow
N° cinéfeuilles 565
Bande annonce (Allociné)

Critique

Dans le genre «loufoque», le meilleur peut côtoyer le pire. Ici on est du côté du meilleur, même si l’on peut se demander si le (grand) public suivra. Reste, quoi qu’il en soit, un «ovni» à l’adresse de certains cinéphiles.

Jerry (Jack Black) et Mike (Mos Def) gèrent un modeste vidéoclub «old school» dans un quartier de Passaic, une petite ville du New Jersey. Le premier se retrouve un jour - suite à un sabotage raté dans une centrale électrique - porteur d’une charge magnétique si forte qu’il va effacer toutes les cassettes VHS de son magasin… Plutôt que de mettre la clef sous le paillasson, les deux compères décident de filmer en vidéo leurs propres remakes des films perdus et de les remettre au plus vite en location. Contre toute attente ces cassettes vont plaire et les affaires bien marcher. Les clients du magasin sont peu regardants, il est vrai.

Les meilleurs moments de ce divertissement sans prétention se situent précisément dans la revisitation de plusieurs films cultes (encore faut-il les avoir vus!) L’imagination et le délire sont au pouvoir. Nos deux lascars, sans le sou, sont condamnés à se débrouiller: décors de carton-pâte, truquages bouts de ficelle, effets spéciaux bricolés, le génie propre doit pallier l’absence de tout budget. Le film de Michel Gondry - cinéaste français établi à Hollywood (voir CF n. 489 ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND et n. 529 LA SCIENCE DES RÊVES) - prend alors la forme d’un petit hommage au cinéma désargenté.

Autre hommage aussi, au pianiste Fats Waller, dont on connaît la virtuosité, le caractère enjoué des interprétations, sinon la vie dissolue… Le cinéaste transforme le jazzman - à l’aide de faux documentaires en noir et blanc - en natif de l’immeuble abritant le vidéoclub, et en modèle à suivre pour toute la communauté du quartier.

SOYEZ SYMPAS, REMBOBINEZ part dans tous les sens: séquences nostalgiques et parodiques de films classiques, souvenirs cinématographiques revus et corrigés, propos et répliques enchevêtrés et jetés en vrac, joyeux désordre et embrouillaminis. De cette intrigue bric-à-brac, de tout ce défoulement se dégage peut-être l’idée - tout à fait utopique et incongrue - qu’un petit film fabriqué par quelques-uns en plagiant les autres peut tenir le coup face à de grosses productions…

Réflexion déjantée d’un cinéaste sur le cinéma, film au rythme parfois effréné (Michel Gondry abuse de la technique «clips»), SOYEZ SYMPAS, REMBOBINEZ pourrait, en quelques instants furtifs, faire penser à HELLZAPOPPIN (1941). Mais si l’exercice de style est réussi, le feu d’artifice(s) ne laisse guère derrière lui qu’un peu de fumée.

Antoine Rochat