Il y a longtemps que je t'aime

Affiche Il y a longtemps que je t'aime
Réalisé par Philippe Claudel
Pays de production France
Année 2008
Durée
Musique Jean-Louis Aubert
Genre Drame
Distributeur UGC
Acteurs Kristin Scott Thomas, Elsa Zylberstein, Serge Hazanavicius, Frédéric Pierrot, Laurent Grévill
N° cinéfeuilles 565
Bande annonce (Allociné)

Critique

Ce premier long métrage de l’écrivain et scénariste Philippe Claudel, auteur des Âmes grises, est une très belle, respectueuse, émouvante peinture psychologique d’êtres brisés par la vie.

Juliette (Kristin Scott Thomas, magnifique), le regard bleu, absent, froid, est assise sur le banc de l’aéroport. Les traits tirés, le teint terne, habillée d’un manteau gris trop grand: elle vient de sortir de prison après quinze années d’enfermement. Quinze ans pendant lesquels sa famille l’a rejetée, a essayé de l’oublier. Léa (Elsa Zylberstein), sa jeune sœur, est requise pour la recueillir et l’amène chez elle, auprès de Luc (Serge Hazanavicius), son mari, du père de celui-ci, et de leurs deux fillettes adoptives. Juliette et Léa vont reconstruire leur relation, se réapproprier leur passé. Juliette va devoir se faire «adopter».

Le scénario est très bien construit, l’histoire avance par petites touches. Le rythme est lent, donnant le temps d’exprimer l’intériorité des personnages que la caméra cueille pudiquement. Le thème de l’enfermement préoccupe Philippe Claudel. Il connaît le milieu carcéral puisqu’il a lui-même enseigné une dizaine d’années dans une prison. L’enfermement touche chacun des personnages à des titres divers. Kristin Scott Thomas, magnifique, donne vie à Juliette qui s’est exilée dans la plus grande des souffrances. L’interprétation est à la fois forte et subtile sur un sujet délicat: donner la mort à un être aimé. En pouvant exister dans le regard de l’autre, chacun pourra dire et assumer son secret. Le réalisateur décrit sans artifice un effort de réconciliation avec la vie à travers les réappropriations des actes et des gestes du quotidien. «Une histoire sincère de vie qui conduit les personnages principaux vers la lumière, la renaissance, l’amour, la compréhension», dit le réalisateur.

Le film perd peu à peu sa couleur grise pour atteindre à une grande intensité. «Si le film a une petite vertu», dit encore l’auteur, «c’est qu’il montre que tout est possible dans les relations humaines: il suffit de donner et recevoir». C’est peut-être la bouleversante incitation à regarder les autres différemment qui a emporté l’adhésion du Jury œcuménique au Festival de Berlin.



Laudatio du Jury œcuménique:

Après quinze ans passés en prison, Juliette, avec l’aide de sa sœur et de son entourage, trouve peu à peu le pardon et la réconciliation qui lui permettent de renaître, nous montrant ainsi que, quoiqu’il nous arrive, nous valons plus que nos actes.

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