Temps des adieux (Le)

A 44 ans, Giuseppe Tommasi paie les malheurs de sa vie. Il a été placé tout petit dans une famille d’adoption qui lui a changé son nom et l’a considéré comme un étranger. Entré à l’école, il a pu revenir chez ses parents et reprendre son identité, ce qu’il a mal accepté. Encore très jeune, il doit épouser son amie d’enfance. Le couple peine, il a deux enfants avant de divorcer. Giuseppe plonge alors dans le monde de la drogue et devient un sans-abri. Il meurt dans un hospice zurichois, atteint du sida et d’un cancer.

Mehdi Sahebi, réalisateur iranien qui vit en Suisse, est l’auteur de documentaires et de courts métrages. Il a connu Giuseppe Tommasi dans les années 80, à Dübendorf. «J’avais été frappé par son intelligence et sa bonté.» Il l’a revu en 2003 et décidé avec son accord de «l’accompagner dans son cheminement vers la mort». C’est l’enjeu de ce film qui livre une réalité crue avec justesse et sensibilité. Giuseppe occupe tout l’écran, c’est son histoire, il la raconte et s’en explique, il décrit ses sentiments, sa peur pour ses enfants, la douleur qui ne le quitte plus, la mort qui se glisse peu à peu dans son corps.

Pourquoi un tel film? LE TEMPS DES ADIEUX est un témoignage touchant, dépourvu de révolte, mais qui reste malgré tout circonscrit au personnage central, à sa famille et au réalisateur.

Avec l’aide de Mehdi Sahebi, le malade prend le spectateur dans sa chambre et lui fait comprendre ce qu’il vit. Le spectateur, lui, y va de son empathie, en espérant que parler devant une caméra ait pu servir d’exutoire à Giuseppe. Pour le reste, il se sent à la fois étranger et impuissant.