Critique
Au sortir de la Grande Guerre, on fait la chasse aux derniers loups des Alpes de Savoie (ils disparaîtront en 1925). Dans le dossier de presse du film, le scénariste et réalisateur Gilles Legrand révèle qu’il a toujours été fasciné par ces mammifères, par leur organisation sociale, et qu’il a eu envie d’imaginer, de manière romanesque, le destin de la dernière meute de loups vivant en France.
Une bonne idée ne fait pas nécessairement un bon film. On peine à trouver beaucoup d’intérêt dans l’histoire d’Angèle (Laetitia Casta), jeune fille de 20 ans un peu naïve, un peu aventurière, qui veut absolument, en dépit de l’opposition de son père (Patrick Chesnais), devenir vétérinaire et s’occuper de loups. Faisant preuve de ténacité, elle quittera le milieu familial, renonçant par là-même à l’avenir doré que lui offre Emile (Jean-Paul Rouve), un industriel opportuniste et de peu de charme. Elle s’amourachera de Giuseppe (Stefano Accorsi), un homme simple vivant reclus dans la montagne, au milieu de la nature et, précisément, au milieu des loups.
Cette belle histoire sonne malheureusement assez creux. Le récit s’enlise par moments, et certains comédiens ont tort d’en rajouter. Le film se veut tantôt tragique, tantôt comique, mais le mélange ne prend pas. Les dialogues sont attendus et récités, et plusieurs répliques en porte-à-faux avec l’époque. Et si les loups, eux, se débrouillent assez bien (la production en a fait venir une bonne douzaine d’Amérique, avec leurs dresseurs), si plusieurs séquences animalières sont réussies et les trucages discrets, de telles scènes ne sauvent pas un film qui ne trouve ni rythme, ni épaisseur. Une bonne partie des personnages sont peu crédibles et l’émotion n’est pas au rendez-vous. Quelques événements imprévus, une ou deux séquences d’action s’efforcent vainement de redonner une certaine dynamique à une intrigue languissante.
Tentative de cinéma familial et populaire, LA JEUNE FILLE ET LES LOUPS ne sort pas de sa tanière...
Antoine Rochat