Sept bennes et un cadavre

Affiche Sept bennes et un cadavre
Réalisé par Thomas Haemmerli
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 562

Critique

La plupart d’entre nous ont fait l’expérience de devoir débarrasser les affaires d’un parent défunt et ont été confrontés au problème du choix des objets à garder et de ceux à donner ou à jeter. Thomas Haemmerli (1964), ci-devant journaliste à «10vor10», téléjournal alémanique et chroniqueur à la «NZZ» notamment, est passé par là.

Le soir où il fête son 40e anniversaire en compagnie de nombreux amis, la police judiciaire zurichoise l’avertit que sa mère a été trouvée morte dans la villa qu’elle louait au Zürichberg. Comme son frère Erik, il n’avait pour ainsi dire plus de contact avec elle, et pour cause: elle ne laissait personne entrer chez elle.

Le propriétaire de la villa souhaitant récupérer le logement, les deux frères entreprennent les travaux de débarras. Ecœurés par l’odeur de cadavre, ils découvrent un capharnaüm indescriptible, à l’image du jardin devenu forêt vierge. Ordures, déchets, poils de chat, collection d’appareils électroménagers jamais sortis de leur emballage: tout prend le chemin de la cheminée de salon ou des sept bennes de chantier qui vont se succéder au pied de la villa.

Plus intéressante, la découverte de nombreux documents (écrits, photographies, films en super-8) qui permettent de reconstituer une saga familiale hors du commun. Le grand-père de la défunte était censeur en chef - autrement dit un haut fonctionnaire de police - dans la Vienne impériale; sa mère était une bonne vivante qui lui dévoilera l’identité de son père biologique; elle-même, interprète diplômée de l’Université de Genève, a épousé un avocat d’affaires prospère. L’enfance des deux frères l’atteste: vacances d’hiver à Saint-Moritz, semaine de godille à Zermatt, été dans la villa familiale de Port-Grimaud. Puis les choses se gâtent: divorce, procès à n’en plus finir, repli de la mère dans l’isolement.

Avec son frère, Thomas Haemmerli se met en scène, grâce à une petite caméra numérique. Il propose un documentaire à l’encre noire, construit et bien enlevé. A noter l’excellent travail du monteur Daniel Cherbuin, rompu à la réalisation de spots publicitaires.

Daniel Grivel