Ennui (L')

Il y a de l'idée, mais pas suffisamment de fond, dans ce film adapté d'un roman d'Alberto Moravia. Les deux heures d'images et de dialogue, ou plutôt de deux monologues parallèles, n'attendent pas leur terme pour fatiguer l'intérêt. L'ennui dont il est question dans le titre est celui de Martin (Charles Berling), professeur de philosophie, enfoncé dans une grave dépression nerveuse. Et c'est peut-être bien à cause de ce moral vidé de tout espoir qu'il tombe dans le piège du premier amour venu. Cécilia (Sophie Guillemin) est très jeune et inintéressante, du moins Martin en est-il convaincu. Sans doute est-ce pour lui la dernière manière de s'en défendre, en vain. Alors qu'elle n'a strictement rien à lui dire, Cécilia lui inspire des sentiments désordonnés et incontrôlables.

Une fois de plus (RIEN SUR ROBERT, DIEU SEUL ME VOIT, pour donner des exemples récents), un réalisateur français explore, tente d'explorer les méandres du sentiment amoureux. Il arrive que le résultat manque de force, d'ampleur, de pouvoir de conviction. C'est particulièrement le cas avec L'ENNUI, film qui au demeurant se trompe de titre car c'est l'obsession qui semble être filmée ici. Du moins, ce thème-là s'impose-t-il dès le début. Dès lors, la suite du film, sans puissance et répétitive, n'apporte plus grand-chose. Cédric Kahn effleure le sujet, sans doute parce qu'il en dit trop par l'image. Celle-ci n'offrant pas d'aspérité originale, la pellicule se déroule avec monotonie. C'est dommage.