I'm not there

Affiche I'm not there
Réalisé par Todd Haynes
Pays de production U.S.A.
Année 2007
Durée
Genre Comédie dramatique, Biopic, Musical
Distributeur Diaphana Films
Acteurs Richard Gere, Christian Bale, Cate Blanchett, Heath Ledger, Marcus Carl Franklin
N° cinéfeuilles 559
Bande annonce (Allociné)

Critique

I’M NOT THERE n’a pas grand-chose à voir avec une biographie, en l’occurrence celle de Bob Dylan. Inspiré par sa vie et ses chansons, le film apparaît plutôt comme une lecture distanciée, une sorte de voyage à travers quelques périodes et quelques événements importants de son existence.

Dans ce (trop) long film, le réalisateur Todd Haynes a confié à six acteurs la charge d’incarner six facettes du musicien, chaque interprète s’attachant à une époque ou à un aspect caractéristique de Bob Dylan, vedette que l’on sait par ailleurs difficilement saisissable, tantôt poète ou hors-la-loi, tantôt comédien, imposteur ou chrétien «born again». Il en résulte un film très touffu, brouillon, qui n’apporte guère d’éléments nouveaux sur un personnage qui a toujours voulu échapper à toute récupération politique ou sociale. Les recherches formelles dont témoigne le film se veulent originales (utilisation du noir et blanc, documents d’archives ou de pseudo-archives, pseudo-interviews TV, structure temporelle éclatée, etc.) et semblent avoir séduit les jurés du dernier Festival de Venise (Prix du Jury). Reste à savoir si le public suivra.

Ce faux «biopic» s’articule autour du personnage d’Arthur (Ben Whishaw), poète interrogé par une commission d’enquête sur l’ambiguïté de ses écrits. Il sera le narrateur central de I’M NOT THERE (titre d’une chanson de Dylan), reprenant souvent les propos tenus jadis par le chanteur dans ses interviews. A côté de lui, six autres «incarnations»: Woody (Marcus Carl Franklin), image du jeune Dylan alors influencé par Woody Guthrie; Jack (Christian Bale), chanteur fortement politisé; Robbie (Heath Ledger), acteur qui vivra une liaison tumultueuse avec Claire (Charlotte Gainsbourg) alors qu’éclate la guerre du Vietnam; Jude (Cate Blanchett, mais oui!) qui incarne le Dylan androgyne des années 60 au moment où il abandonne le folk pour le rock; le pasteur John (à nouveau Christian Bale), image du Bob Dylan converti de la fin des années 70; et pour terminer Billy (Richard Gere) - allusion au film de Peckinpah PAT GARRETT ET BILLY THE KID (1973), dans lequel joua Bob Dylan -, référence à l’un des exils du musicien loin de la vie publique (après son accident de moto, en 1966). Billy reprend une nouvelle fois la route et Dylan nous glisse entre les doigts…

Comme le film d’ailleurs. Beaucoup d’images, beaucoup de personnages, une volonté de déstructuration temporelle - de la bonne musique sans doute, les fans de Dylan apprécieront -, tout cela est fait de pièces et de morceaux à prétention intellectuelle et cherchant de façon récurrente à créer un effet de surprise. Le rythme, volontairement rapide, et le montage, souvent haché, ne permettent guère d’entrer dans la démarche du cinéaste.

Antoine Rochat