Critique
Jane Austen (1775-1817) a consacré sa courte vie à l’écriture. Ses romans comptent parmi les classiques de la littérature anglaise. Elle y peint la société anglaise de son temps avec une jolie finesse psychologique, posant le doigt, de toute son indépendance d’esprit, sur la rigidité des conventions sociales. On ne sait pas grand-chose de sa vie, mais Julian Jarrold imagine les parties manquantes de la biographie pour signer son BECOMING JANE, avec un bonheur relatif.
Le réalisateur veut croire qu’à l’âge de 20 ans Jane Austen (Anne Hathaway) a connu une grande passion amoureuse. C’est à cette balise qu’il accroche un scénario tout dévoué aux sentiments de la belle, aux nécessités financières qui pourraient contrarier ceux-ci, aux convenances qui vont les étouffer. Plutôt que dans les faits historiques, l’inspiration est puisée dans les romans de l’écrivaine.
Rien d’autre dans ce film qui s’est appliqué à une soigneuse reconstitution historique. Mise à part la jolie peinture d’une époque et le divertissement des dialogues, on en ressort frustré. Parce qu’on attend d’en savoir plus sur le caractère d’une femme de lettres, à l’aube du XIXe siècle. Le récit linéaire, les scènes de genre, les émois amoureux donnent le ton d’un film par définition sentimental, alors qu’on le voudrait éclairant une artiste, l’orientation de sa plume et les aléas du travail d’édition. Comme avait su le faire Julie Taymor avec l’artiste mexicaine Frida Kahlo.
Geneviève Praplan