Opera Jawa

Affiche Opera Jawa
Réalisé par Garin Nugroho
Pays de production France, Indonésie, Autriche
Année 2006
Durée
Musique Rahayu Supanggah
Genre Musical, Comédie dramatique
Distributeur Les Films du Paradoxe
Acteurs Martinus Miroto, Artika Sari Devi, Eko Supriyanto, Retno Maruti, Jecko Siompo Pui
N° cinéfeuilles 552
Bande annonce (Allociné)

Critique

Présenté lors du dernier Festival international de films de Fribourg, OPERA JAWA - comédie musicale et chorégraphique indonésienne - avait surpris plus d’un spectateur.

Long film baroque à grand spectacle, reprenant une légende traditionnelle du pays, œuvre au rythme lent, aux images somptueuses, OPERA JAWA exige du spectateur occidental une disponibilité dont il n’a pas l’habitude: il faut savoir en effet se laisser séduire par cette histoire d’amour qui met en scène un potier, Setio (Martinus Miroto) et sa femme Siti (Artika Sari Devi), ainsi qu’un homme influent du village, Ludiro (Eko Supriyanto) amoureux de Siti. Une affaire sentimentale dont l’intrigue tient en deux lignes, qui ne se terminera pas très bien, et dont l’arrière-plan est tout nourri d’allusions politiques, en référence aux tensions sociales du pays, très discrètement évoquées par les chants et les commentaires émanant d’une sorte de chœur qui rappelle celui de la tragédie grecque. L’argument politique du film, métaphorique, apparaît ainsi en filigrane.

La musique et la danse occupent, dans OPERA JAWA, tout le devant de la scène. Une musique étrange qui surprendra le mélomane habitué à d’autres sons, à d’autres harmonies, à des rythmes et des instruments (gongs, carillons, percussions) différents. Des musiques, des chants qui habitent chaque séquence du récit, chaque sentiment des personnages. Mais c’est surtout par la danse que s’expriment les héros de cette histoire, dans des ballets où apparaissent leurs errances et leurs doutes, leur sensualité et leur violence. Couleurs et lumières complètent le spectacle, caractérisant chaque scène, suscitant le plaisir des yeux, dans des tableaux relevant d’une esthétique très recherchée.

Un film qui sort totalement de l’ordinaire, à conseiller à ceux qui acceptent d’abandonner pendant deux heures l’essentiel de leurs références cinématographiques habituelles…

Antoine Rochat