Critique
Pas besoin d’être un canon pour faire exploser l’audience d’une émission télévisée de variétés financée par une laque à cheveux, tel est l’argument du film réalisé en 1988 par John Waters et du show créé à Broadway il y a cinq ans.
Années 60 à Baltimore. Tracy (Nikki Blonsky) rêve d’être admise au Corny Collins Show, spectacle contrôlé d’une main de fer par une productrice implacable (Michelle Pfeiffer); en ces années-là, peu de place aux mélanges interraciaux, sinon une seule concession: le Negro Day, une fois par mois. Obnubilée par ses ambitions, Tracy est un désastre scolaire et passe beaucoup de temps en retenue, en compagnie de nombreux élèves noirs qui l’initient à leur répertoire et à leurs danses. Pourra-t-elle enfin accéder à la scène? Poursuivie par la vindicte de la productrice et par la mère bigote d’une copine, elle est soutenue par sa mère Edna (John Travolta, énorme à tous points de vue en quinqua obèse) et par son père (Christopher Walken), marchand de farces et attrapes.
Sans prétentions documentaires ni sociologiques (la relecture de la lutte pour les droits civiques tient de l’image d’Epinal), HAIRSPRAY séduit par sa reconstitution soigneuse, sa musique énergique, ses chorégraphies réglées au micropoil. Ceux qui avaient 20 ans dans les années 60 se régaleront, les plus jeunes découvriront avec amusement le kitsch de la mode vestimentaire du twist et autres cha-cha-cha...
Daniel Grivel