Critique
"Au travers de l'histoire authentique d'un agent qui croit en l'Amérique et est prêt à tout sacrifier pour la protéger, c'est la création et les débuts de la CIA (Central Intelligence Agency) qui sont ici évoqués. Edward Wilson - qui incarnerait James Angleton -, jeune universitaire brillant, rejoint au sortir de ses études l'Office of Strategic Service (ancêtre de la CIA) et part en Europe apprendre son métier.
A son retour, six ans plus tard, il participe à la création de ladite agence. Pour son deuxième film, après IL ETAIT UNE FOIS LE BRONX (1993), Robert De Niro lève le voile sur l'univers opaque de l'espionnage et porte un regard d'une grande froideur sur ce monde trouble où l'on cultive (maladivement) le secret. Le titre original relève d'une ironie analogue à celle de l'expression ""Sainte famille"" qui qualifie la Mafia si bien dépeinte par Coppola. Ici, bien difficile de s'attacher aux personnages, notamment celui de Wilson que campe un excellent mais glacial Matt Damon qui éprouve une méfiance croissante à l'égard de son entourage, alors que se dissout lentement son idéalisme juvénile.
Du coup, on manque de s'interroger sur ce qui habite et progressivement détruit ces hommes de l'ombre qui jouèrent un si grand rôle pendant la Guerre froide. Ce film ne répond pas à toutes les ambitions de son auteur, en raison de la complexité de l'intrigue, des nombreux retours en arrière et du vieillissement improbable de certains personnages. Mais on reste - et c'est plus plausible - très éloigné des films d'espionnage glamour à la James Bond, tout en évoluant au cœur d'une société aveuglée par ses élans messianiques."
Serge Molla