Fille sur le pont (La)

C'est un beau cadeau que nous fait Patrice Leconte avec son nouveau film. Il est vrai qu'entre LES BRONZES et LA FILLE SUR LE PONT, en passant par TANDEM et RIDICULE, il y a un sacré fossé. L'excellent scénario de Serge Frydmann imagine une jeune femme, Adèle (extraordinaire Vanessa Paradis) qui, n'étant arrivée à rien, décide de se jeter d'un pont parisien dans la Seine. Elle est sauvée in extremis par Gabor (superbe Daniel Auteuil), lanceur de couteaux qui lui propose de devenir sa cible. Entre elle qui se donne à tout premier venu et lui qui, inconsciemment, en est amoureux, il faudra du temps et de l'espace - pour qu'ils finissent par se trouver.

Tourné sans concessions en noir et blanc, le film commence par un bouleversant plan fixe sur une sorte de confession d'Adèle; il nous emmène ensuite dans l'univers du music-hall, du jeu, des croisières de luxe, d'Istamboul. La caméra de Leconte, vive et mobile, symbolise fort bien le jeu de cache-cache auquel se livrent les protagonistes; beaucoup de passages sont poétiques et émouvants; les scènes de cirque ne sont pas sans rappeler Fellini. On voit avec plaisir une ribambelle de personnages plus attachants les uns que les autres.

Vanessa Paradis (une découverte pour le soussigné) campe un personnage à la fois fragile et volontaire; quant à Daniel Auteuil, en Pygmalion solitaire, il force l'admiration. Il y a certes quelques petits passages à vide, mais, dans l'ensemble, le film gagne l'émotion du spectateur.