Nuit nous appartient (La)

Affiche Nuit nous appartient (La)
Réalisé par James Gray
Pays de production U.S.A.
Année 2007
Durée
Musique Wojciech Kilar
Genre Drame, Thriller, Policier
Distributeur Wild Bunch Distribution
Acteurs Mark Wahlberg, Joaquin Phoenix, Tony Musante, Robert Duvall, Eva Mendes
N° cinéfeuilles 548
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Le titre du film, c'est la devise de la ""crim"" de New York. Et James Gray (LITTLE ODESSA, THE YARDS) nous entraîne en effet dans la vie nocturne de la New York à la fin des années 80. Bobby dirige une boîte de nuit branchée appartenant à des Russes qui font aussi dans le trafic de drogue avec des ambitions croissantes. Son père Burt (Robert Duvall, qui ressemble singulièrement à un Mitterrand en uniforme...) et son frère Joseph, haut gradés de la police criminelle new-yorkaise, ne sont pas contents. En plus, ces Polonais d'origine n'apprécient pas qu'Amada, petite amie de Bobby, soit portoricaine...

Après une descente musclée dans la boîte de nuit, avec un Russe préférant se trancher la gorge plutôt que de passer aux aveux, Joseph manque y rester dans une agression devant sa porte. C'est la guerre, comme en avait averti le père, et Bobby devra choisir son camp. Muni d'un micro-émetteur caché dans un briquet, il accompagne un chef mafieux qui veut lui montrer un laboratoire où se fabrique l'héroïne; l'affaire tourne mal et, dans la mêlée opposant les malfrats à la police venue à la rescousse, le père est tué et Bobby grièvement blessé.

Le film part bien, avec des scènes hautes en couleur et une folle poursuite de voitures, mais James Gray peine à lui trouver une fin et se met à aligner des invraisemblances qui n'échapperaient pas à un gamin de 5 ans... En un tour de cuillère à pot et grâce à une dérogation exceptionnelle, Bobby est assermenté et seconde son frère, considère que la vengeance est un plat qui se mange chaud puis sort major de sa promotion à l'école de police. Born again, comme on dit dans le pays de M. Bush - et on pourrait paraphraser le titre original du film en le nommant WE OWN THE RIGHT, ""le droit nous appartient""...



Daniel Grivel





Bobby (Joaquin Phoenix), jeune patron d’une boîte de nuit branchée appartenant à la mafia russe, a pris ses distances avec sa propre famille, dont il ne porte même plus le nom. Seule sa compagne (Eva Mendes) est au courant, son frère et son père sont en effet de hauts fonctionnaires de police. Chaque jour qui passe voit se durcir le conflit entre la pègre et les forces de l’ordre. L’implacable mécanique de la tragédie est en place.

Avec cette œuvre dense qui nous tient en haleine de bout en bout, James Gray signe un drame criminel sans compromis sur une famille piégée dans la guerre de la drogue qui fit des ravages à New York à la fin des années 80. Le film tire son titre de la devise de l’Unité criminelle de la police de cette ville. L’idée originale du réalisateur a été de mettre sur pied d’égalité le monde des forces de l’ordre et celui de la pègre. En effet, les rites, les codes d’honneur, mais encore les trahisons et les rivalités, les amitiés bafouées et la force des liens familiaux sont communs aux deux camps et démontrent aussi leurs limites. En signant un pacte avec les forces de la nuit, qu’elles soient de la police ou du milieu, Bobby sait qu’il a mis le doigt dans un engrenage qui l’amènera fatalement à une double trahison. Seuls les liens du sang lui permettront-ils finalement de se racheter.

On passera sur les quelques incohérences qui émaillent le scénario ainsi que sur un final un peu laborieux pour ne garder que les qualités et la force de cette réalisation. En filmant des personnages en quête d’identité et qui cherchent à régler leurs problèmes moraux, James Gray nous laisse une œuvre parfaitement maîtrisée et d’une redoutable efficacité.



Georges Blanc"

Ancien membre