Import Export

Affiche Import Export
Réalisé par Ulrich Seidl
Pays de production Autriche, Allemagne, France
Année 2007
Durée
Genre Drame
Distributeur Solaris Distribution
Acteurs Ekateryna Rak, Paul Hofmann, Michael Thomas (III), Maria Hofstätter, Georg Friedrich
N° cinéfeuilles 548
Bande annonce (Allociné)

Critique

"On connaît le goût d'un certain cinéma autrichien pour le bizarre, bien loin des romances à la Sissi.

On est ici particulièrement ""gâté"", avec la destinée de deux jeunes défavorisés. Olga (Ekaterina Rak), infirmière en Ukraine et mère célibataire, vivote d'un salaire aléatoire et, préférant gagner décemment de l'argent plutôt que de travailler dans le cybersexe comme sa copine Tatiana, abandonne sa mère et son bébé pour faire la femme de ménage en Autriche puis être engagée comme nettoyeuse dans un service gériatrique, où elle semble être la seule à manifester de la compassion et à traiter les pensionnaires avec respect (le personnel dit qualifié les tutoie, les rudoie et use de mesures de contention). Paul (Paul Hofmann, à l'aise dans un rôle lui rappelant sa propre vie), crâne rasé, amateur de molossoïdes et agent de sécurité à Vienne, se retrouve au chômage et accompagne son beauf de parâtre qui va livrer des distributeurs de bonbons et des juke-boxes en Ukraine. Il se rachète cependant par une conduite plus digne que son père, qu'il fuit au risque d'un avenir incertain.

Selon son habitude, Seidl louvoie entre fiction et documentaire, et porte un regard cru sur un monde qui ne l'est pas moins: argent difficile, arnaques, bonheur inaccessible, Ukraine déprimante, Vienne d'une propreté et d'une froideur clinique, barres locatives tsiganes aux allées jonchées d'ordures, sexe vénal et sans amour. Certaines scènes sont très crues (que la chair peut être triste!), et on se sent souvent voyeur, le sommet étant atteint par la fête de carnaval dans l'hôpital gériatrique, avec de véritables patients grimés et affublés d'accessoires grotesques.

La dernière scène présente un des dortoirs dans la pénombre, et le dernier mot du film est ""mort"", seriné par une vieille femme. Même si Olga, beau personnage affrontant crânement les difficultés, fait sa prière avec sincérité et si les vieilles femmes rabâchent des litanies religieuses apprises dès l'enfance, l'espoir est terriblement absent de ce film reflétant un monde que nous côtoyons souvent sans le voir."

Daniel Grivel