Critique
Une vieille voie ferrée sur laquelle cahotent encore quelques wagons de marchandises, un garage peu fréquenté, un bar assez miteux, une épicerie de la même veine, voilà le décor planté. Considéré par ses voisins comme un être marginal mais inoffensif, Josie (remarquable interprétation de Pat Shortt) a passé toute sa vie d'adulte à tenir une station-service poussiéreuse, aux alentours d'un petit bourg perdu au fin fond de l'Irlande. L'arrivée d'un jeune apprenti garagiste va faire basculer la vie de cet homme simple et optimiste à sa manière.
Le second film de Lenny Abrahamson a un style propre, un ton personnel, une écriture maîtrisée. GARAGE débute comme une petite comédie sociale, humoristique par moments, mais se terminera sur une note plus grave. Entre deux, une heure et demie de plaisir cinématographique, avec un récit porté par un personnage qui possède une présence physique visuelle très forte: Josie marche et parle de façon très particulière, c'est un être tendre qui vit à la périphérie des événements et dont l'existence est vouée à passer inaperçue. Mais, dans son village irlandais, il n'y a plus de place aujourd'hui pour un homme comme lui.
Le réalisateur de GARAGE a adopté un style visuel dépouillé, une écriture très sobre. L'émotion est constamment sous-jacente, retenue. Le moindre murmure, la moindre ride, la moindre esquisse de geste deviennent visibles, traduisant l'indicible, l'essentiel.
Antoine Rochat