Critique
"Ce film revient sur le quotidien algérois précédant l'indépendance, montré au travers des yeux d'Ali, 11 ans. C'est l'enfance dans une guerre larvée, ce sont les copains français qui quittent les uns après les autres le territoire avec leurs familles, c'est l'armée et la torture, ce sont les bombes posées, les morts... Mehdi Charef relit sa propre enfance sans prononcer de jugement. Il déroule les fils de sa mémoire, laisse remonter les émotions, les colères et les incompréhensions, les regrets aussi. Il n'y a pas les bons et les méchants, mais des êtres engoncés dans leurs logiques et leurs aveuglements, des gens qu'il aime ou déteste. Il y a aussi le cinéma qu'il découvre et adore au point que, lorsqu'il se souvient du chef de gare, sa mise en scène permet à la réalité de dépasser la fiction pour mieux convoquer l'émotion: ""Ne nous oubliez pas petit... Il n'y a que vous qui nous avez connus. Dorénavant on n'est plus rien..."" Ali et ses camarades sont interprétés par de jeunes comédiens inconnus, dont l'étonnant Hamada (Ali), alors que tout au long de ce film sensible on ressent l'amour pour un pays et une terre qui à certains égards sont le premier ""personnage"" de ce film attachant."
Serge Molla
