De l'autre côté

Affiche De l'autre côté
Réalisé par Fatih Akin
Pays de production Allemagne, Turquie
Année 2007
Durée
Genre Comédie dramatique
Distributeur Pyramide Distribution
Acteurs Nurgül Yesilçay, Baki Davrak, Tuncel Kurtiz, Hanna Schygulla, Patrycia Ziolkowska
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 548
Bande annonce (Allociné)

Critique

Le réalisateur est de nationalité turque mais est né en 1973 à Hambourg; il est un de ces nombreux Turcs intégrés tout en restant attachés à leur culture d'origine (souvent tellement bien intégrés que, soit dit en passant, le ministère turc de l'éducation a dû voilà plus de vingt ans ouvrir des classes pour enseigner la langue aux enfants d'immigrés rentrés d'Allemagne). Ses deux précédents films (Head on et Crossing the Bridge) ne sont pas passés inaperçus chez nous.

Fatih Akin poursuit sa réflexion sur l'identité et le partage. Ali, à la retraite après avoir travaillé dans une usine et resté en Allemagne, où son fils Nejat est professeur d'Université, "achète" Yeter, prostituée comme lui originaire de Turquie. Nejat se prend d'affection pour la gagneuse, qui envoie tout l'argent qu'elle peut à sa fille restée au pays pour qu'elle puisse se payer des études supérieures. Mais, lors d'une altercation avec son vieux compagnon macho, Yeter est jetée à terre par une gifle et meurt après s'être cognée contre un meuble. Exit Ali, condamné à la détention.

Nejat se rend à Istamboul dans l'espoir de retrouver la fille de Yeter, Ayten, ignorant que celle-ci, opposante au régime, s'est réfugiée en Allemagne pour échapper à la "polis". Parallèlement, à Hambourg, Ayten survit en allant manger à la cantine universitaire - c'est bon et pas cher - et en se mettant au chaud dans les auditoires (on comprend avec le recul pourquoi, dans la première partie du film, on voit une jeune fille dormant sur son pupitre pendant un cours de Nejat). Elle noue une amitié amoureuse avec Lotte, timide étudiante qui admire sa fougue et son engagement, et qui lui propose de loger chez elle malgré les réticences de sa mère Susanne (lumineuse Hanna Schygulla). Ayten est finalement arrêtée et renvoyée en Turquie, où elle est incarcérée. Lotte décide de se rendre sur place pour faire libérer son amie.

Magnifiquement écrit et construit (d'où le Prix du meilleur scénario à son réalisateur), De l'autre côté tisse avec adresse des destins croisés et pose un constat sans manichéisme. Certains diront qu'il n'y a pas de surprise; c'est vrai que le titre des "actes" du drame est explicite: la mort de Yeter, la mort de Lotte.

Daniel Grivel


C’est le cinquième long métrage de Fatih Akin, cinéaste turc, né à Hambourg. Head on (2003) était le premier d’une trilogie qui se poursuit avec De l'autre côté. Ces deux films, ainsi que le troisième, à venir, «traitent respectivement de l’amour, de la mort et du mal». Nous sommes donc dans le volet sur la mort, bien que l’amour y tienne une forte place, l’amour des parents pour leurs enfants, l’amour d’un homme pour une femme, d’une femme pour une autre femme. Quant à la mort, explique le réalisateur, elle est vue dans ce qu’elle peut avoir de positif, «chaque décès est une naissance». La mort, dans son nouveau film, débouche chaque fois sur un nouveau départ.

Ali (Tuncel Kurtiz) est turc, il vit à Hambourg. Lorsqu’il décide de se mettre en ménage avec Yeter (Nursel Köse), une prostituée, son fils Nejat (Baki Davrak), professeur d’Université, est très contrarié. Mais il accepte de rencontrer la compagne de son père et se lie d’amitié avec elle. Celle-ci envoie tout l’argent qu’elle gagne à sa fille (Nurgül Yesilçay), à Istamboul, afin qu’elle puisse faire des études supérieures. La mort accidentelle de Yeter va changer complètement la vie d’Ali et de Nejat.

Le film balance constamment entre deux cultures, pourtant, c’est la réalité humaine qui y domine, avec ses relations troublées, ses désirs et ses frustrations, ses misères, ses angoisses. Le réalisateur construit avec intelligence un film complexe, qui passe par quelques personnages pour évoquer de nombreux problèmes fondamentaux, tels que la migration, le combat politique, la pauvreté, la violence, l’éducation. Mais ce que disent surtout ces personnages, qui évoluent en chassé-croisé dans le scénario, c’est combien se rencontrer est difficile, combien plus souvent, on passe à côté des autres. «Il est plus facile de détester que d’aimer», dit simplement Fatih Akin.

Geneviève Praplan

Ce film a reçu le prix du Jury œcuménique lors du Festival de Cannes 2007.

Ancien membre

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 16
Geneviève Praplan 15
Geneviève Praplan 18
Serge Molla 17
Antoine Rochat 18
Anne-Béatrice Schwab 19