Critique
"Avec le cinéaste Apichatpong Weerasethakul (""Appelez-moi Api"", dit-il...), pas question de banalité ou de complaisance. Le dépaysement - géographique, temporel et spirituel - est au rendez-vous. L'intrigue (ou son absence, ou encore les différentes intrigues, pourquoi pas?) se développe(nt) dans les décors de deux grands hôpitaux thaïlandais. Des personnages, des scènes, des dialogues se répondent les uns aux autres: une doctoresse, un amoureux éconduit, un expert en orchidées, un moine qui rêve d'être D.J., un dentiste chanteur se perdent, se retrouvent, échangent leurs rôles, leurs répliques. S'ajoutent des souvenirs, des connotations visuelles, des coïncidences verbales inattendues.
Le cinéaste affirme que son projet vise à explorer la manière dont fonctionne notre mémoire, et comment notre bonheur peut être éveillé par des choses apparemment insignifiantes. ""Nous renaissons sans cesse"", précise-t-il...
Tout cela paraît parfois ésotérique, même si l'écriture du film est réaliste. Les (belles) images s'enchaînent, le rythme est fluide, mais le spectateur reste perplexe: s'agit-il d'une réflexion d'ordre social ou spirituel sur une culture ou des croyances qui nous échappent en grande partie? Ou d'un jeu intellectuel sur de possibles correspondances entre des trajectoires existentielles qui se croisent et se recoupent, ce qui réduirait alors le film à un exercice assez brillant, mais un peu vain?"
Antoine Rochat
