Cercle des noyés (Le)

Affiche Cercle des noyés (Le)
Réalisé par Pierre-Yves Vandeweerd
Pays de production Belgique
Année 2007
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Zeugma Films
Acteurs Fara Bâ
N° cinéfeuilles 544
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Pour avoir écrit et soutenu un manifeste prenant la défense de la minorité négro-africaine mauritanienne opprimée par un pouvoir politique pratiquant à l'excès une politique d'arabisation, des dizaines d'intellectuels de Mauritanie ont croupi en prison, dans des conditions terribles, à la fin des années 80: tortures, humiliations, travail forcé, scorbut, béribéri, fièvre noire... Ils en sont morts, ou en sont sortis traumatisés, incapables d'en parler.

Vingt ans plus tard, le documentariste belge Pierre-Yves Vandeweerd décide de mettre en lumière ce drame encore tabou. Dans LE CERCLE DES NOYES, il a demandé à l'un des survivants, Fara Ba (un ancien professeur), de parler au nom de tous les anciens prisonniers, vivants ou morts. Ce récit, tout en retenue, s'inscrit sur quelques vieilles photos, sur des images des lieux d'aujourd'hui, des images décolorées, de tonalité volontairement grise.

Le réalisateur belge s'est appuyé sur un grand nombre de témoignages de victimes, qu'il a transcrits sous la forme d'une chronique individuelle. Sans sentimentalisme, sans voyeurisme, il laisse Fara Ba raconter son histoire, de son arrestation (1987) à sa libération quatre ans plus tard. Vingt ans après les événements, son film tente de rendre tangible ce passé inconcevable, pour éviter que l'histoire des détenus abandonnés dans la forteresse mauritanienne d'Oualata ne bascule dans l'oubli.

LE CERCLE DES NOYES est une œuvre de mémoire, à l'écriture totalement dépouillée, en même temps qu'une réflexion sur l'abus de pouvoir et l'indifférence du reste du monde à l'égard d'une soixantaine d'hommes abandonnés au milieu de nulle part...

Le Jury œcuménique a attribué son Prix à ce film, relevant que ""le cinéaste belge, par un style épuré et une distance respectueuse, place toujours l'individu au centre de son travail et réhabilite ces hommes dont le gouvernement, à la fin des années 80, tenta d'effacer petit à petit la condition humaine""."

Antoine Rochat