Bête dans le cœur (La)

Affiche Bête dans le cœur (La)
Réalisé par Cristina Comencini
Titre original La Bestia nel Cuore
Pays de production Italie/Royaume-Uni/France/Espagne
Année 2005
Durée
Genre Drame
Distributeur filmcoopi
Acteurs Giovanna Mezzogiorno, Alessio Boni, Angela Finocchiaro, Stefania Rocca
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 543

Critique

"Elle est belle, son compagnon l'aime, le bonheur semble à portée de main. Sabina (Giovanna Mezzogiorno) est une actrice qui n'a guère connu de succès et qui travaille au doublage de (mauvais) téléfilms. Elle vit avec Franco (Alessio Boni), acteur au chômage qui acceptera un rôle à la télévision - qu'il déteste d'ailleurs, ce qui nous vaudra quelques jolis coups de griffes de la part de la réalisatrice Cristina Comencini à l'adresse du petit écran et de ses séries mythiques (""Incantesimo"", ""Urgences"", etc.)

Pour Sabina, tout va donc bien jusqu'au jour où elle est assaillie par des souvenirs cauchemardesques qui la renvoient à son enfance et à la figure de son père. Des zones d'ombre affleurent, l'angoissent. Elle évite d'en parler à Franco et s'adresse à sa meilleure amie, Emilia (Stefania Rocca), une aveugle de 20 ans, passionnée et vulnérable, qui ne lui est d'aucun secours. Pas plus que Maria (Angela Finocchiaro), une collègue de travail en plein marasme conjugal. Elle décide alors de s'envoler pour les Etats-Unis où vit son frère Daniele (Luigi Lo Cascio), un homme que l'on découvre bloqué dans ses rapports affectifs, en particulier avec ses enfants. C'est pourtant lui qui aidera Sabina, en lui racontant ce qui se passait chez eux avec leur père, lorsqu'ils étaient enfants, quand leur mère était absente ou trop occupée, ou qu'elle fermait les yeux sur les gestes de son mari...

Le film s'articule autour de cette volonté manifestée par Sabina de retrouver une vérité enfouie dans le passé, pour pouvoir mieux vivre. Une recherche qui laissera sans doute des cicatrices, mais la vie pourra reprendre son cours.

Dans son désir d'y voir clair, Sabina va ébranler aussi les certitudes (plus ou moins confortables) de son entourage. Réaction en chaîne, d'autres personnages feront également un cheminement personnel, souvent difficile, qui les amènera à mieux se connaître et à finalement retrouver aussi une forme de sérénité.

Les qualités de La Bête dans le coeur tiennent beaucoup plus au scénario - qui prend ainsi en charge plusieurs trajectoires de vie - qu'à la réalisation elle-même du film, plutôt classique, sinon banale. Si Cristina Comencini parle intelligemment et avec tact des problèmes liés à l'inceste et aux traumatismes qui s'ensuivent, en s'appuyant sur quelques séquences-clés (les cauchemars, la rencontre de Sabina avec son frère), elle n'a pourtant pas réussi à éviter certains écueils. La réalisatrice filme un peu comme son père (Luigi) filmait il y a 20 ou 30 ans, et l'écriture de ce long métrage sécrète quelque chose de suranné. Le récit se lit sans peine, les dialogues sont efficaces, les décors sont bien choisis, bien à leur place, mais l'utilisation de la caméra relève plutôt du ""cinéma de papa"" et le rythme du récit n'est pas trouvé.

Adaptation du roman éponyme que la cinéaste a elle-même écrit il y a quelques années, La Bête dans le coeur pâtit parfois - à la fin surtout - de ruptures ou d'accélérations temporelles mal négociées. La mise en images d'un récit dont les événements se déroulent sur une période de dix mois environ est une opération délicate, cela d'autant plus qu'il s'agit de l'évocation complexe d'un monde intérieur. L'histoire paraît parfois ""jouée"" aussi, ce qui empêche une véritable adhésion du spectateur. A ces réserves (formelles) près, l'entreprise reste intéressante et tient la route, Cristina Comencini signant là sans doute son meilleur film à ce jour."

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Maurice Terrail 14
Daniel Grivel 14
Antoine Rochat 13