Je vais bien, ne t'en fais pas

Affiche Je vais bien, ne t'en fais pas
Réalisé par Philippe Lioret
Pays de production France
Année 2006
Durée
Musique Nicola Piovani
Genre Drame
Distributeur Mars Distribution
Acteurs Julien Boisselier, Isabelle Renauld, Aïssa Maïga, Kad Merad, Mélanie Laurent
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 540
Bande annonce (Allociné)

Critique

En 2004, Philippe Lioret s'était signalé à l'attention de la critique par L'EQUIPIER, un film à coloration romanesque, à la fois insolite et émouvant. Avec JE VAIS BIEN, NE T'EN FAIS PAS, la démarche reste la même: observateur discret de l'existence des gens, le cinéaste réussit à capter, avec beaucoup de doigté et de maturité, l'intimité de tous ses personnages.

L'histoire est celle d'un événement familial inattendu: Lili (Mélanie Laurent) rentre d'un séjour linguistique à l'étranger et apprend que son frère jumeau Loïc a quitté la maison sur un coup de tête, après une violente dispute avec son père. Elle n'en saura rien de plus, et nous non plus. Et comme Loïc ne donne plus signe de vie, Lili commence à s'inquiéter, à s'accrocher elle aussi avec ses parents qu'elle accuse de ne rien faire. Elle ne s'alimente plus et finit par sombrer dans la dépression. Le film s'attachera dès lors aux pas de la jeune fille qui, une fois rétablie - une lettre de Loïc lui parviendra enfin -, partira à la recherche de son frère. Un petit road movie géographique, du côté du Val-de-Marne, en même temps qu'un voyage intérieur: le film prendra alors une direction tout autre que celle que l'on pouvait pressentir.

On dira, avec une part de raison, que le film flirte avec une ou deux invraisemblances notoires, ou que la narration de JE VAIS BIEN, NE T'EN FAIS PAS - adaptation d'un roman éponyme d'Olivier Adam - manque de fluidité. Le bon rythme de respiration du film n'est pas toujours trouvé, et les événements, qui s'étalent sur une année entière, ont du mal à se plier aux exigences temporelles d'un film de 90 minutes. Il n'empêche: les qualités de ce long métrage l'emportent largement sur ses imperfections. Procédant le plus souvent par plans-séquences, le cinéaste trouve le ton juste, la bonne distance dans la description des protagonistes. La tension interne de la famille de Lili et ses non-dits, la présentation délicate de l'entourage, l'analyse psychologique sensible de l'héroïne, l'émotion authentique, parfois presque imperceptible, qui se dégage de tous les personnages en général, tout cela est à mettre à l'actif d'un cinéaste qui ne cherche pas l'esbroufe, et qui sait éviter toute forme de complaisance. Le film est fait de regards furtifs qui se croisent, de mots qui sonnent juste, et le quotidien de chacun est appréhendé avec pudeur et finesse.

Dans le rôle de Lili, personnage à fleur de peau, la jeune comédienne Mélanie Laurent est remarquable. Jouant intelligemment sur plusieurs registres, elle tient véritablement le film à bout de bras. Les autres acteurs sont excellents aussi - en particulier Kad Merad, dans un rôle à contre-emploi -, et l'on sent qu'ils sont tous dirigés d'une main à la fois exigeante et sensible. A noter aussi la qualité de la partition musicale que l'on doit à Nicola Piovani. Une référence supplémentaire pour un film qui est une bonne surprise.

Antoine Rochat