Diamants de la guerre (Les)

Affiche Diamants de la guerre (Les)
Réalisé par Edward Zwick
Titre original Blood Diamants
Pays de production U.S.A.
Année 2006
Durée
Genre Drame
Distributeur foxwarner
Acteurs Leonardo DiCaprio, Jennifer Connelly, Arnold Vosloo, Djimon Hounsou, Kagiso Kuypers
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 540

Critique

La cause des diamants finançant la guerre méritait un long métrage. Mais ce film dur, non content de dénoncer un sordide trafic, rappelle en sus le triste sort des enfants-soldats et la lancinante torture de la faim qui risque de faire du frère le pire ennemi. C'est beaucoup pour une réalisation soutenue par le Programme alimentaire mondial et Amnesty International, mais n'est-ce pas précisément aussi cela l'Afrique, lorsqu'elle devient l'espace des pires convoitises?

Alors que, dans les années 90, la guerre civile fait rage en Sierra Leone, que la vie normale est interrompue et laisse place à la terreur, les trafics vont bon train. Tout cela est loin de déranger Danny Archer (Leonardo DiCaprio, excellent), mercenaire natif d'Afrique du Sud pour qui l'argent n'a pas d'odeur, d'autant plus qu'il a flairé le gros coup qui devrait lui permettre de se faire définitivement oublier et de quitter une fois pour toutes le continent. Il est sur la piste de Solomon Vandy (Djimon Hounsou), malheureux pêcheur qui, enlevé par les rebelles, a travaillé comme esclave dans une mine et a dissimulé, en zone de guerre, un diamant dont la valeur semble inestimable. Archer ayant retrouvé Vandy, il lui propose un marché: il l'aidera à récupérer son jeune fils disparu dans la tourmente, avec la complicité d'une journaliste, Maddy Bowen (Jennifer Connelly), qui enquête sur ces diamants finançant ces sales guerres, et Vandy l'aidera à mettre la main sur le précieux caillou.

Ce long métrage permet donc d'aborder l'un des drames du continent africain, via une fiction qui ressemble hélas par trop à la réalité. Ce qui aurait pu favoriser le développement du Sierra Leone cause sa perte: l'exploitation de ses magnifiques gemmes. Comme la fièvre de l'or sema l'horreur lors de la conquête de l'Amérique latine, les diamants ont attisé toutes les convoitises, compte tenu du fait que ce commerce pouvait rapporter jusqu'à 125 millions de dollars aux rebelles du Front révolutionnaire uni et financer leur armement. En conséquence, les pires exactions sont au rendez-vous pour réquisitionner de la main d'œuvre, la réduire à l'esclavage et faire des gamins enrôlés de force des enfants-soldats déshumanisés.

Le cinéaste, qui réalisa en 2003 Le dernier Samouraï, a opté pour le réalisme, c'est pourquoi de multiples scènes d'une extrême violence parcourent - je n'ose dire rythment - son film. Il en va ainsi par exemple lorsque les rebelles font irruption dans le village de Vandy et des siens, capturent Solomon et quelques hommes comme esclaves, en mutilent d'autres pour qu'ils ne puissent plus jamais travailler ou combattre, tuent et kidnappent des gamins... Mais faut-il autant montrer pour démontrer? Nul doute que la réponse à cette question divisera. Quoi qu'il en soit, cette violence dépasse la fiction; alors, si elle permet une véritable prise de conscience...

Bien sûr, aujourd'hui, les diamantaires affirment qu'un tel scénario concerne le passé, comme les grandes firmes pharmaceutiques dénonçaient le film La constance du jardinier de Fernando Meirelles. Si seulement! Toutefois, si l'on peut se réjouir de la signature en 2000 du Processus de Kimberley, permettant de renforcer la lutte contre le trafic illégal, et si les armes se sont tues en Sierra Leone en 2002, des diamants de la guerre en provenance de Côte d'Ivoire apparaissaient toujours sur le marché. Il est donc bon qu'un film dénonce cela et sensibilise les acheteurs potentiels.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 14
Daniel Grivel 15
Serge Molla 15
Geneviève Praplan 12
Anne-Béatrice Schwab 15