No Body is Perfect

Affiche No Body is Perfect
Réalisé par Raphaël Sibilla
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 18 ans
Age suggéré 18 ans
N° cinéfeuilles 539

Critique

"Double national suisse et français, Raphaël Sibilla (37 ans) s'est fait connaître par un documentaire, 117 POLICE SECOURS, réalisé pour la Télévision romande. Il plonge ici dans le monde des sexualités parallèles et, après quatre ans (!) d'immersion, tente de montrer autre chose que les habituels reportages glauques. Le résultat est édifiant quant aux limites que des adultes consentants peuvent franchir...

Le citoyen lambda ignore parfois que certains de ses congénères partagent une passion dévorante pour une activité qui les mobilise intensément: motards bardés de cuir clouté qui roulent de convention en convention, passionnés de grimpe, fondus de glisse, marathoniens obstinés... Il existe aussi, plus discrets, les adeptes de sports que nous dirons sextrêmes.

Une interview de Matty Jankowski (du New York Body Archive, s'il vous plaît), gourou des us et abus que l'on peut faire de son corps, sert de fil conducteur. Un tatouage mis à part, le personnage, même s'il est filmé dans un cadre sinistre, est tout à fait clear, net: cheveux taillés court, moustache soignée, vêture sobre; si on le compare à certains ""acteurs"", notamment de la scène sadomasochiste, on subodore qu'il profite davantage de ses revenus qu'il ne s'engage personnellement dans des pratiques douteuses - et douloureuses...

En un peu plus de cinq quarts d'heure, on a droit à une palette du bizarre allant des parades (dont Genève et Zurich s'enorgueillissent) aux salles de tortures, en passant par la litanie des fantasmes en tous genres. Bien loin d'être excité, le spectateur sombre dans un profond ennui, ou au mieux dans de la compassion pour la misère sexuelle et culturelle qui lui est exposée. Les décors miteux ou clinquants, les rouleaux de papier hygiénique stockés dans un coin, la crasse, l'indifférence routinière des dominatrices, le mépris pour le corps (le temple du Saint-Esprit, a écrit l'apôtre), tout cela suscite tristesse sinon dégoût. Seule une personne surnage de cette mare fangeuse, un jeune transsexuel paumé, vraiment entre deux sexes, qui rêve de devenir femme et de donner la vie.

Le mot de la fin appartient à un champion de la suspension (on se fait agrafer de solides crochets dans le dos puis on tournoie et se balance dans l'espace), qui déclare en substance: ""Ah! le bien que ça fait quand ça s'arrête!""..."

Daniel Grivel