Critique
Ceux qui ont gardé un joli souvenir du feuilleton télévisé Jacquou le Croquant seront déçus. S'il fait tout pour tirer des larmes, le film de Laurent Boutonnat ne réussit pas à émouvoir. Malgré la grosse production, ou peut-être à cause d'elle, ce JACQUOU LE CROQUANT est raté.
L'histoire, tirée d'un roman d'Eugène Le Roy, se passe entre 1815 et 1830. Elle raconte la vie d'un paysan de Dordogne et de sa famille, persécutés par le seigneur dont ils travaillent les terres. Enfant, Jacquou (Léo Legrand) voit son père (Albert Dupontel) injustement arrêté, condamné, puis assassiné. Sa mère (Marie-Josée Croze) en meurt de chagrin. Jacquou est recueilli par le curé Bonal (Olivier Gourmet) chez qui il devient adulte (Gaspard Ulliel). Vient alors l'heure de la vengeance... A moins que la grandeur d'âme ne se manifeste aussi chez les croquants.
Ce film déroule deux heures trente de pellicule et beaucoup d'invraisemblances. Singeant Hollywood, il ne craint pas les clichés de mise en scène: l'orage et la nuit pour faire peur, la pluie pour accroître la misère, le tout accompagné d'une musique lourdement descriptive. Pas grand-chose n'affleure de la politique agitée de la France à cette époque. Il s'agit typiquement d'un film de bons et de méchants, d'un film de héros qui, par sa facilité, ne rend même pas justice aux paysans brimés. Une bonne distribution ne sauve pas l'aventure: Olivier Gourmet, Albert Dupontel et Tchéky Karyo font du mieux qu'ils peuvent. Mais sans imagination, sans inspiration, ce JACQUOU LE CROQUANT ne sauve que deux ou trois jolis plans d'animaux.
Geneviève Praplan