Iberia

Carlos Saura s'est toujours intéressé à la musique et à la danse. Après CARMEN (1983), L'AMOUR SORCIER (1986), FLAMENCO (1995) et TANGO (1998), voici IBERIA, une suite de variations musicales et chorégraphiques inspirées de l'œuvre d'Isaac Albeniz (1860-1909). A partir des 4 cahiers de 3 pièces pour piano de ce compositeur - dont les transcriptions ultérieures pour orchestre ont assuré le succès -, Carlos Saura a construit un film comme il en a le secret: très beau, envoûtant même, et respectueux des traditions musicales espagnoles.

Une leçon donnée dans une petite école de danse sert de prologue au film. On en découvrira une autre lors de l'épilogue. Entre deux, IBERIA nous entraînera de Cadiz aux Asturies, de Séville à Grenade et à l'Albaicin, le plus souvent en compagnie du Corps de ballet Iberia, en une douzaine de présentations et de spectacles très différents. Suivant des rythmes et des chorégraphies qui doivent autant au flamenco qu'à l'opérette, aux influences du jazz et du folk qu'aux musiques arabes ou à la tradition gitane, Saura promène avec élégance sa caméra sur les plateaux de tournage et dans les coulisses. Cadrages subtils et jeux éblouissants de miroirs multipliant les points de vue, images surprenantes et somptueuses - souvent démultipliées et décomposant le geste -, décors de parois mobiles, costumes à dominantes chaudes, rouges et or, tout est conçu pour le plaisir des yeux. Mais l'oreille n'est pas en reste: piano, violoncelle et guitare solo, fanfare ou partition orchestrée, chaque accompagnement se veut sobre et toujours magnifiquement enregistré.

IBERIA réunit les plus grands virtuoses du flamenco et s'adresse avant tout à un public d'initiés. Ses grandes qualités plastiques (on se rappelle que Carlos Saura est photographe de formation) devraient lui permettre d'atteindre une audience plus large encore.