Garde du corps (Le)

Affiche Garde du corps (Le)
Réalisé par Rodrigo Moreno
Pays de production France, Argentine, Allemagne
Année 2005
Durée
Musique Federico Jusid
Genre Drame
Distributeur Sophie Dulac Distribution
Acteurs Julio Chavez, Osmar Núñez, Cristina Villamor, Osvaldo Djeredjian, Adrián Andrada
N° cinéfeuilles 539
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Chargé de la protection d'une haute personnalité de son pays, Ruben (Julio Chavez) accompagne un ministre lors de tous ses déplacements, officiels et privés. Garde du corps vivant dans son ombre, il ne voit que l'envers des décors. Son existence, muette, est faite de frustrations. Ses occupations sont solitaires, monotones, confinant parfois à l'absurdité.

Premier long métrage de Rodrigo Moreno, LE GARDE DU CORPS s'attache à ce personnage dont l'activité est systématiquement asservie à celle d'un autre. Ruben passe son temps à attendre, dans un monde vide fait de corridors lisses, de voitures de fonction, de parkings déprimants, de portes closes. Derrière ces portes, il y a l'autre monde, celui des réunions politiques et des mondanités, du verbiage agaçant et de l'hypocrisie sous-jacente. Images de deux classes sociales, de deux mondes séparés.

Seules quelques séquences échappent à cet ordinaire. Un jour, le ministre invite son garde du corps (qui a des talents de dessinateur-caricaturiste) à faire le portrait d'un ami: condescendance et mépris seront au rendez-vous... Une autre fois, c'est une réunion familiale à l'occasion de l'anniversaire de Ruben: une fête complètement ratée, un monde triste et capricieux. Nouvelles images d'univers qui s'ignorent, qui s'opposent.

Ruben a tout de l'antihéros. Personne ne fait attention à lui, personne ne l'écoute, il s'ennuie - embarquant parfois le spectateur dans ce même ennui. Découvrant l'arrogance et le cynisme du ministre et de son entourage, humilié et conscient du peu d'estime qu'on lui porte, il en arrivera à ne plus supporter les contraintes de son métier. La pression exercée sur lui deviendra trop forte, la fin de l'histoire se devine, s'annonçant tragique.

Si le film souffre de cette narration linéaire, où tout est dans le ""hors champ"", LE GARDE DU CORPS n'est en revanche pas dépourvu de qualités formelles: mise en scène distanciée et maîtrisée, plans cadrés au millimètre, caméra volontairement statique, dialogues parcimonieux mais explicites, fine description des protagonistes secondaires, tout concourt à faire de ce long métrage un film de silence, un peu glacé, se limitant à un portrait intime, à une vision du monde amère, sinon désespérée."

Antoine Rochat