Shortbus

Affiche Shortbus
Réalisé par John Cameron
Pays de production U.S.A.
Année 2005
Durée
Musique Yo La Tengo, Scott Matthew
Genre Comédie dramatique, Romance
Distributeur Bac Films
Acteurs Sook-Yin Lee, Paul Dawson, Lindsay Beamish, PJ DeBoy, Raphaël Barker
N° cinéfeuilles 538
Bande annonce (Allociné)

Critique

Au début du film, la caméra, partant de la statue de la Liberté, survole une New York faite de maquettes en carton et, attirée par des fenêtres illuminées, s'introduit dans des appartements où il s'en passe de vertes et de pas mûres: ici un jeune homme s'arc-boute péniblement, coinçant ses pieds sous le tiroir supérieur d'une commode, en vue de s'administrer une autofellation; là un couple copule frénétiquement dans toutes les positions imaginables et jusque sur le clavier d'un Steinway à queue qui n'en demandait pas tant; ailleurs, un adepte soumis de la domination complète à sa manière les éclaboussures d'une toile de Pollock.

Le ton est donné, et sans simulations. Le cinéaste de HEDWIG AND THE ANGRY INCH (comédie musicale sur un chanteur au minizizi) se penche, jusqu'à tomber, sur la détresse de New-Yorkais ébranlés jusqu'en leur tréfonds par le 11 septembre 2001. Au Shortbus, boîte de nuit glauque (dont le nom évoque les véhicules scolaires chargés du ramassage des enfants difficiles, on joue toutes les variations de la sexualité la plus débridée, dans l'espoir de trouver l'amour; peut-être par souci de correction politique, la galerie de personnages est exhaustive (encore que le quota d'Afro-Américains semble maigrelet...)

Ce film indépendant porno-chic, hymne aux valeurs underground les plus déjantées, pourra paraître aux yeux de certains comme une comédie provocante (ah! l'hymne national étasunien entonné par un homo dans le fondement de l'un de ses partenaires!) appelant à une nouvelle libération sexuelle. Au chroniqueur, sur fond de décombres et de ground zero, avec un arrière-plan de sida et de misère sexuelle où l'amour est réduit à des exercices physiques plus ou moins forcenés, il laisse un goût de cendres. Que la chair peut être triste!

Daniel Grivel